Réponse du gouvernement rwandais à la réaction des ministres hollandais sur les disparitions

Le Ministère rwandais des affaires étrangères a adressé la semaine passée une lettre à la Nonciature apostolique, aux missions diplomatiques et aux organismes internationaux et régionaux en rapport avec les allégations de disparitions des sieurs Nkurikiyinka Jean Marie Vianney, Député Hitimana Léonard, PC Mugenzi Jean Marie Vianney, Lt colonel Augustin Cyiza et le juge Runyaruka Élysée.

 Dans cette lettre N° 1890/09.04/PROT, il est dit ceci "Ayant constaté qu'au cours des différentes entrevue ou diverses démarches diplomatiques auprès des officiels du Ministère des Affaires Étrangères et de la coopération plusieurs Missions diplomatiques ont voulu savoir où étaient les enquêtes menées par la police nationale sur les cas de disparition de certaines personnes, le Ministère voudrait soumettre audites(sic) institutions un rapport préliminaire de ces enquêtes: Manifestement, la police nationale n'a jusqu'à présent pas pu élucider ces cas de disparition, mais ne désespère pas puisque les enquêtes continuent jusqu'à ce que toute la lumière soit faite sur ces cas de disparition. Le ministère ne manquera pas d'informer les Institutions précitées sur le développement ultérieur de ces enquêtes".

 Le ministère explique aussi les raisons de la publication tardive des résultats: "Si le Ministère a mis du temps pour soumettre ce rapport audites(sic) Institutions conformément aux promesses faites, ce n'est pas par manque d'attention particulière aux doléances lui soumises, c'est qu'il pensait pouvoir, avec le temps, avoir à sa disposition un rapport plus complet avec des résultats d'enquête concluants. Bien plus, de nombreux Rwandais et autres Africains qui se font passer pour des Rwandais demandent régulièrement asile aux différents pays étrangers. Sur ce, et dans le but de faciliter la tache de la Police nationale Rwandaise, le Ministère saurait gré aux Institutions de bien vouloir intervenir auprès des services compétents de leurs pays et lui transmettre les listes mensuelles ou trimestrielles des Rwandais demandeurs d'asile dans leurs pays respectifs".

 Il est annexé à cette lettre un document de 8 pages qui décrit brièvement chaque cas de disparition en 3 points: Que s'est-il passé?; Enquête menée; piste d'enquête .

Ainsi, pour le cas de JMV Nkurikiyinka ''kidnappé le 04/04/2003 à 22heures, par des personnes inconnues qui avaient une voiture Toyota hillux (double cabine) sans plaque, et ce dans le district de Nyarugenge, Mairie de la Ville de Kigali" - selon le témoignage de sa femme, Uwababyeyi Vestine, tel que repris dans le rapport du Ministère- , "la police n'a jusqu'à ce jour découvert aucune piste sérieuse pouvant leur mener aux auteurs de ce kidnapping".

S'agissant du député Hitimana Léonard vu pour la dernière fois le 07/04/2003 vers 18h30 à Kabeza (Kanombe- Kigali ville), le rapport conclue: ''le fait qu'on a trouvé son véhicule près de la frontière avec l'Uganda, tend à suggérer qu'il aurait quitté le Rwanda, mais les services de police de ce pays qui ont été contacté (sic) disent ne pas l'avoir vu. Il n'est même pas impossible que la voiture ait été amené à la frontière pour faire croire à un départ en exil. la police n'écarte aucune hypothèse".

S'agissant du policier PC Mugenzi JMV disparu dans la nuit du 15 au 16/10/2002 à la Station de Police de Remera (Kigali Ville), le rapport y va tout droit : "Etant donné le fait que PC Mugenzi JMV a quelques membres de sa famille qui s'étaient enfui du Rwanda vers l'Uganda, notamment IP (Inspector of police) Norbert Rukimbira et le caporal Nkundabagenzi Fidel, la Police a pensé qu'ils les aurait rejoints. Cependant jusqu'à présent la Police Ougandaise s'est montré peu coopérative".

Quant au Lt Colonel Cyiza Augustin et Runyaruka Elysée disparus dans la nuit du 23/04/2003, le rapport donne plus de détails en termes de piste d'enquête: " Le fait que la voiture RR 9890C qu'utilisait le Lt. Col. Augustin Cyiza a été retrouvé à la frontière du Rwanda avec l'Uganda, suggère la possibilité que le Lt. Col. Cyiza soit parti en Uganda. Cependant les contacts avec la Police ougandaise n'ont rien donné". "Mais il n'est pas impossible", affirme le rapport, "que les services de sécurité ougandaises (sic) aient décidé de ne plus annoncer la présence d'exilés Rwandais sur leur sol à cause des tensions que cela provoquent (sic) entre nos deux pays. Nous continuons à rechercher les informations par d'autres moyens. Il n'est pas aussi impossible que la voiture ait été amené à la frontière pour faire croire à un départ en exil''.

Le rapport conclue sur une note d'espoir et d'engagement : "L'enquête suit son cours pour que la vérité soit établie et que s'il y a eu crime, ses auteurs soit (sic) appréhendés et traduit (sic) en justice. Pour cela la police garde contact avec les familles et autres proches des deux disparus pour obtenir d'eux toute information susceptible d'aider l'enquête". Dossier à suivre donc. Avec l'espoir de retrouver vivants ces personnes dont la disparition ne cesse de faire couler beaucoup d'encre et de salive.

Noel Twagiramungu, LDGL

19/08/2003