Des combattants
rwandais se sont rendus aux Casques bleus
(Le
Temps.ch 19/03/2007)
"Dix combattants rwandais" se sont rendus la semaine dernière aux Casques bleus
au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on
appris lundi auprès de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc).
Ces hommes ont affirmé avoir déserté les rangs de troupes fidèles au général
déchu tutsi congolais Laurent Nkunda et se sont rendus aux Casques bleus à
Rutshuru, à environ 50 km au nord de Goma (chef-lieu du Nord-Kivu), a déclaré
Sylvie van den Wildenberg, porte-parole de la Monuc dans cette province.
"Ils ont expliqué qu'ils avaient été recrutés il y a deux mois dans différentes
préfectures rwandaises, avec la promesse d'obtenir un emploi civil en RDC",
a-t-elle indiqué.
"Ils se sont retrouvés dans un camp militaire où des officiers proches de Nkunda
leur ont demandé d'intégrer leurs rangs. Ils ont alors déserté et se sont rendus
à la Monuc à Rustshuru", a-t-elle poursuivi.
C'est la première fois depuis début 2007 qu'est officiellement constatée la
présence sur le sol congolais de combattants rwandais.
La section de la Monuc en charge de la démobilisation et du rapatriement des
combattants étrangers "a entamé la procédure habituelle pour leur rapatriement
au Rwanda, en collaboration avec les autorités congolaises et rwandaises",
a-t-elle précisé.
Fin janvier a débuté en RDC un processus de "mixage" des Forces armées
congolaises (FARDC) et des soldats insurgés répondant aux ordres de Nkunda.
Ce processus, distinct de la réforme en cours de l'armée, avait été choisi par
Kinshasa pour privilégier un règlement pacifique de la crise au Nord-Kivu, où
des combats entre FARDC et insurgés avaient fait plus de 170 morts fin 2006.
Trois brigades "mixées" ont été déployées dans la province. Dans le Rutshuru,
des accrochages quotidiens ont rythmé le déploiement de la brigade "Bravo",
commandée par un fidèle de Nkunda et confrontée à des rebelles hutus rwandais et
des miliciens locaux Maï Maï.
Dans les zones contrôlées par la brigade, les exactions contre les populations
civiles se sont multipliées. Plus de 50.000 civils ont fui leurs villages en
février, après des accrochages ou le déploiement de ces militaires.
Plusieurs responsables locaux ont affirmé, sous couvert d'anonymat, que des
dizaines de démobilisés rwandais, recrutés au Rwanda voisin, s'étaient
"infiltrés" en RDC par le poste frontière de Runyoni (à environ 50 km au
nord-est de Goma) sous contrôle de Bravo.
Les autorités militaires du Nord-Kivu ont nié ces "infiltrations" , mais
plusieurs officiers ont fait part de leur inquiétude.
"Il est possible que Nkunda cherche à grossir ses rangs avant le mixage des
prochaines brigades. Le processus est actuellement ralenti, parce que nous avons
un problème d'identification des hommes issus de ses rangs. La plupart ne parle
que le kinyarwanda (langue parlée au Rwanda et par les minorités d'origine
rwandaise dans l'est de la RDC)", a déclaré un officier sous couvert d'anonymat.
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