Une nouvelle page d’histoire est en train d’être écrite dans les
relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. Après
de larges altercations, qui remontent- au début de la rébellion lancée en
1998 depuis l’Est de la RDC par des troupes du Rassemblement congolais pour
la démocratie (RCD), avec l’appui du Rwanda, l’heure est aujourd’hui a
l’accalmie et a l’exploration de nouvelles pistes de coopération pour une
meilleure intégration dans la sous-région de l’Afrique centrale.
Le Rwanda, en guerre ou en frOid depuis dix ans avec la République
Démocratique du Congo, a pris récemment l’option d’améliorer ses relations
avec Kinshasa dans la perspective, notamment des élections en RDC. Sans
doute, Kigali en bon Visionnaire — redoute l’échec de ses anciens protéges aux
élections du 30 juillet 2006. Raison de plus, aurait-il estimé, de s’ouvrir
d’autres amitiés notamment diplomatiques pour une nette coopération avec le
gouvernement congolais qui sera issu des élections.
La réouverture annoncée de la représentation diplomatique du Rwanda à Kinshasa
doit être considérée comme un signe de temps à ne pas négliger dans la
redéfinition des enjeux géostratégiques en Afrique centrale.
Avec.des institutions congolaises véritablement démocratiques, car issues
des urnes, le Rwanda et la RDC espèrent relancer les liens traditionnelles de
coopération qui a longtemps uni les deux peuples qui partagent une histoire
commune et aux multiples facettes. La nouvelle ligne de la diplomatie
rwandaise vis-à-vis telle qu’en témoignent les échos en provenance de Kigali
est une balise jetée sur le chemin de la relance de la Communauté
économiques des pays des Grands Lacs (CEPGL).
L’on pense aussi que le poids de la communauté internationale - qui finance
la quasi-totalité du processus électoral en RDC, où l’Onu entretient sa plus
importante force de paix dans le monde - a également certainement joué dans le
réchauffement entre Kigali et Kinshasa, relève, sous couvert d’anonymat, un
autre expert de la région.
Le dégel Rwando-congolais est donc le résultat des efforts diplomatiques de
certains principaux pays donateurs, le Rwanda ayant choisi de s’incliner face
à ces pressions, car actuellement il semble plus soucieux de son image dans
la communauté internationale que de sa sécurité. Mais certains experts
estiment que Kigali devrait conserver sa capacité à user d’autres méthodes y
compris militaires -si ses intérêts immédiats sont menacés à partir de la RDC.
Le ministre rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération régionale,
Charles Murigande a fait part de la volonté et de la détermination du
gouvernement de Kigali de rouvrir son ambassade en RDC après la proclamation
des résultats des dernières élections présidentielle et législatives dans ce
pays, a-t-on appris de source diplomatique lundi dans la capitale rwandaise.
S’exprimant mardi dernier devant la chambre des députés, Dr Murigande a
déclaré que les ambassades de deux pays vont rouvrir leurs portes après le
déroulement des législatives et du scrutin présidentiel, le premier du genre
organisé en RDC après 46 ans de dictature et de conflits fratricides.
« Le Rwanda voulait que cette réouverture des ambassades des deux pays soit
faite immédiatement, mais ce processus a connu un échec car la RDC ne l’a pas
voulu ainsi », a souligné M. Murigande.
Le Rwanda et la RDC avaient fermé leurs ambassades après que la RDC, alors
« Zaïre » sous le régime de l’ancien président Mobutu Sese Seko, avait
accordé l’asile à des milliers de miliciens Hutu-rwandais, responsables du
génocide de 1994.
Depuis les accords de cessez-le-feu et désarmement des milices génocidaires
rwandaises et ex-Forces armées rwandaises signés à Pretoria (Afrique du Sud)
en automne 2002, les relations diplomatiques entre les deux pays se sont
normalisées progressivement.
« Nous sommes confiants qu’il y aura, après les élections, une nouvelle
donne dans la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays,
a conclu M. Murigande.
F. K/Le Potentiel