Rwanda: la journée de campagne en dents de scie du principal opposant
GISENYI (Rwanda), 21 août (AFP) - La
journée commence mal pour le principal candidat de l'opposition à l'élection
présidentielle du 25 août au Rwanda, Faustin Twagiramungu: le stade où il
devait tenir sa réunion publique ce jeudi est quasiment vide.
Cinq cents personnes seulement, dont de nombreux enfants, sont venus l'écouter
à Gisenyi (nord-ouest), ville frontalière de la République démocratique du
Congo (RDC), située dans la région natale de nombreux planificateurs du génocide
de 1994.
L'ancien Premier ministre, un Hutu modéré, cache mal sa déception. Après une
brève allocution à son maigre auditoire, il tente d'expliquer la situation aux
journalistes de la presse internationale.
"C'est la première fois que je viens dans un stade vide. A Ruhengeri
(autre ville du nord-ouest), les gens avaient rempli le stade", assure cet
homme à l'allure débonnaire.
"Mais après, des mesures ont été prises, des clins d'oeil ici et là"
pour, selon lui, dissuader ses partisans de se déplacer.
Le principal candidat de l'opposition accuse régulièrement le camp du président
sortant Paul Kagame, un Tutsi, de lui mettre des bâtons dans les roues pendant
sa campagne pour cette élection présidentielle, premier scrutin pluraliste de
ce genre depuis l'indépendance en 1962.
Il assure que ses partisans sont souvent intimidés, empêchés de faire connaître
leur point de vue.
Une fois son cortège parti pour un autre rassemblement dans cette région
verdoyante qui longe le lac Kivu, quelque jeunes gens traînent encore dans le
stade.
"Je suis venu le voir. Il m'intéresse comme tous les autres candidats.
Mais le vote est secret", déclare en souriant Thierry Ruzindana, 21 ans.
Avant d'ajouter aussitôt: "Kagame a fait beaucoup de choses, on doit voter
Kagame".
Ses camarades acquiescent. A la question "Qui va voter Twagiramungu?",
ils éclatent de rire. Aucune réponse positive.
Dans le village voisin de Mahoko, Twagiramungu souffle enfin. Des habitants par
centaines se massent au passage de sa voiture tout terrain. Sourire aux lèvres,
il les salue de la main.
"C'est Jésus qui vient", s'enflamme une femme. "On a entendu des
mensonges, on va enfin savoir la vérité", s'enthousiasme une autre.
Sur la place du village, accroché à flanc de colline au milieu de plantations
de bananiers, la sonorisation est installée. Un pupitre en bois est recouvert
d'une toile jaune arborant un arbre stylisé, le symbole du candidat.
Quelque 3.000 personnes sont venues l'écouter, avec là encore de très
nombreux enfants. Devant un auditoire composé majoritairement d'agriculteurs,
il promet de lutter contre la pauvreté, de développer les campagnes, avec
"une banque populaire sur chaque colline".
"Je suis venu aussi vous dire que le 25 août il ne faudra pas vous faire
voler votre vote. Il faudra voter pour moi. Faites attention qu'on ne vote pas
à votre place", lance-t-il.
Après son discours, l'ancien Premier ministre se dirige vers un autre village,
où il tiendra son troisième rassemblement de la journée.