Rwanda: M. Twagiramungu en campagne dans sa province natale

 

CYANGUGU (Rwanda), 14 août (AFP) - Plusieurs milliers de Rwandais se sont massés mercredi sur un terrain de football poussiéreux de la ville de Cyangugu, dans le sud-ouest du Rwanda, pour assister au meeting de l'enfant du pays tout juste rentré d'exil, l'ancien Premier ministre hutu Faustin Twagiramungu, principal candidat de l'opposition à l'élection présidentielle du 25 août.

"Je suis content qu'il soit rentré, nous étions un peu fâchés quand il est parti il y a huit ans", se réjouit un homme, qui préfère conserver l'anonymat.

"Twagiramungu est natif de notre province", explique-t-il.

C'est la première fois que l'ancien Premier ministre hutu modéré, parti en exil volontaire en Europe après avoir quitté la tête du gouvernement, s'adressait à ses concitoyens.

"Vous devez voter seuls, vous ne devez pas vous faire dicter votre vote", a-t-il lancé sous les acclamations de la foule, qui l'avait attendu pendant deux heures sous le soleil.

"Il faut instaurer la démocratie au Rwanda", a encore plaidé M. Twagiramungu, qui se présente à la présidentielle en tant que candidat indépendant.

Depuis son retour, il n'a cessé de critiquer le parti au pouvoir, le Front patriotique rwandais (FPR, ex-rebellion Tutsi), qu'il accuse d'accaparer les postes de l'administration.

Le président sortant Paul Kagame, candidat du FPR pour un nouveau mandat, lui a répondu en mettant en garde les "divisionnistes", affirmant que la justice punirait ceux qui joueraient la carte ethnique lors de la campagne électorale.

"La loi demande à tous les candidats de faire attention aux paroles basées sur la division", a ainsi rappelé mercredi, avant de laisser la parole à M. Twagiramungu, le préfet de la province de Cyangugu, Elysée Bisengimana, qui représentait les autorités au meeting.

M. Twagiramungu est alors monté sur une table basse, estrade de fortune au milieu du terrain de football, pour que tous ses partisans puissent l'apercevoir et l'applaudir.

Nombre d'entre eux ont affirmé avoir couru un risque en venant le voir.

"Si on vient ici, on va etre menacés en rentrant chez nous", a estimé un commercant, qui a requis l'anonymat.

"Les autorités locales m'ont déjà reproché de faire campagne pour Twagiramungu", a-t-il ajouté.

C'est dans la province de Cyangugu que le référendum sur la nouvelle Constitution, massivement adoptee en mai dernier, a obtenu le moins de "oui".

A l'approche de l'heure de la réunion publique de M. Twagiramungu, mercredi, des voitures traversaient la ville en scandant des slogans en faveur de M. Kagame.

Seules les banderoles du FPR étaient visibles dans la ville.

Le Rwanda s'apprête à vivre sa première élection présidentielle pluraliste depuis son indépendance, en 1962.