AU SECOURS DES IDEES
Par Paul TEDGA
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PRESIDENTIELLE AU RWANDA SCORE A LA SOVIETIQUE POUR PAUL KAGAME

Ainsi donc, le général Paul Kagame a été proclamé vainqueur officiel de l'élection présidentielle du 25 août 2003. Avec un score de 95,05%, il rivalise avec ce qui se faisait de mieux sous la Chine populaire de Mao Tsé Toung ou l'Union soviétique du Grand Camarade Leonid Ilitch Brejnev. Dernier " Mohican " de cette période nostalgique, le Cubain Fidel Castro n'ose pas aller aussi loin dans le plébiscite. Il a encore la sagesse de se soucier des qu'en dira-t-on ? C'est pour dire que le général Paul Kagame n'a pas le triomphe modeste. Très sûr de son fait, il a piétiné, sans crainte, toutes les règles de la morale électorale. Avec l'aide des médias d'Etat, il a organisé la déstabilisation de son principal concurrent, l'ancien premier ministre Faustin Twagiramungu au point de semer la peur dans son camp avec des arrestations arbitraires dignes de l'ère du parti unique. Chaque fois que Twagiramungu commençait à avoir le vent en poupe, Kagame le taxait de divisionniste en l'accusant d'attiser la haine entre les Tutsi et les Hutu. Très mauvais joueur, Kagame a utilisé les méthodes à la limite de la légalité. Venus cautionner cette mascarade, les euro-députés et les fonctionnaires de la Commission de Bruxelles sont obligés de reconnaître que " Les conditions pour une élection libre et équitable au Rwanda n'ont pas été réunies ". C'est le constat du représentant de l'Union européenne à Kigali. Quant à la députée européenne et ancienne ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Colette Flesch, " Il reste du chemin à parcourir en termes de crédibilité, de transparence et de liberté d'expression " au Rwanda. Et d'ajouter que " Dans de nombreux cas, nos observateurs n'ont pas été autorisés à suivre le déroulement dans certains bureaux de vote ". Voilà donc l'Union européenne, grande donneuse de leçons devant l'éternel, contrainte de cautionner une présidentielle à laquelle ses propres superviseurs ne donnent aucun crédit. Que doit-on en déduire ?

Alors que le président sortant avait mis sur pied une véritable industrie de la fraude, c'est malheureusement Faustin Twagiramungu que la Commission électorale, sous les ordres de Paul Kagame, a accusé de vouloir " truquer " le scrutin et de préparer des actes de violence. Résultat, face à ce harcèlement, le principal candidat de l'opposition a finalement choisi de ne se faire représenter par aucun délégué dans aucun bureau de vote, contrairement à la marée humaine de Kagame qui allait jusqu'à orienter le choix des votants dans l'isoloir. Que Twagiramungu dépose des recours auprès de la Cour suprême en vue de l'annulation pure et simple de cette présidentielle comme il l'a fait, ne change en rien la donne politique. Dès la confirmation des premières tendances, Washington a publié un communiqué pour féliciter le nouvel élu et lui faire part de la volonté de l'administration Bush à " travailler avec le président et le gouvernement sur les divers sujets d'intérêt mutuel que nous avons, à savoir, la sécurité dans la région des Grands Lacs et d'autres questions ". Principal allié de Oncle Sam sur le continent noir, le Sud-Africain Thabo Mbeki en bon relayeur ne s'est pas fait prier pour féliciter Paul Kagame d'avoir gagné un scrutin " historique et réussi " qui marque " une nouvelle étape importante dans les efforts de dirigeants africains pour inverser le cours des choses et faire advenir une Afrique meilleure dans un monde meilleur ". Voilà donc ce qu'en pense le principal parrain de la " Renaissance africaine ".

Homme fort du FPR qui refuse d'admettre qu'il avait donné lui-même l'ordre d'abattre le Falcon à bord duquel avait pris place son prédécesseur Juvénal Habyarimana, acte qui a réellement provoqué le génocide avec son million de morts, Paul Kagame peut désormais revêtir le manteau de " chef d'Etat démocratiquement élu ". Même si celui-ci n'épouse pas complètement sa taille longiligne car, visiblement, il va flotter dedans, il peut toujours se vanter, entre amis, d'avoir réussi un hold up électoral parfait.. Mais à moins de l'ignorer, c'est maintenant que ses ennuis vont commencer.

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