Les pratiques d’agafuni (houe usée) et d’akandoyi ont été infligées aussi bien aux hommes qu’aux femmes. La pratique d’agafuni que les Inkotanyi du FPR ont utilisé de manière très large et fréquente consistait à broyer les têtes des victimes par une houe usée. L’agafuni était souvent pratiquée après la torture akandoyi qui consistait à ligoter les jambes et les bras de la victime ensemble dans son dos et à tirer la corde jusqu’à ce que les os de la poitrine craquent. Spécialement envers les femmes, d’autres pratiques de violence physique ont été commises. Elles englobent plusieurs formes de cruauté dont les plus fréquentes étaient :
Le viol sexuel
Le viol sexuel, commis individuellement ou collectivement, est la cruauté la plus généralisée qui a été commise contre les femmes rwandaises pendant la guerre. Ceci veut dire que plusieurs femmes ou filles et généralement de même famille pouvaient être violées au même moment et au même endroit par plusieurs individus. Il y a eu donc des cas où des femmes mariées ont été violées devant leurs maris et en même temps et au même endroit que leurs filles, majeures ou mineures. Il y a eu souvent des viols collectifs « tournantes » où une seule femme était successivement la victime de plusieurs violeurs. Dans plusieurs cas, des viols sexuels ont été commis à la fois collectivement et en masse, c'est-à-dire par plusieurs violeurs sur plusieurs victimes. Plusieurs victimes pouvaient également être violées en même temps et plusieurs violeurs pouvaient alterner sur différentes victimes.
Cette barbarie a touché toutes les catégories de femmes, quelle que soit leur origine ethnique ou régionale, leur niveau d’éducation, leur âge, leur situation socio-économique etc. Dans cette période de guerre, ce sont les femmes associées au camp ennemi qui étaient principalement et systématiquement visées. Ceci signifie que dans le nord du Rwanda dans les territoires contrôlés par le FPR des victimes étaient des femmes hutues qui étaient associées au camp du gouvernement. Les viols contre les femmes tutsies, globalement associées au camp du FPR par leurs violeurs, ont été surtout commis vers la fin de la guerre quand celle-ci s’est étendue sur d’autres régions du pays.
Alors que les viols collectifs ou en masse ont eu lieu pendant la guerre et le génocide ainsi que pendant les mois qui ont suivi la fin de la guerre, les viols individuels continuent jusqu’à présent sous plusieurs formes avec des motifs différents. Le fait que le Rwanda n’est pas un pays où la loi et l’État protègent les citoyens, mais bien l’endroit où le plus fort piétine le faible, les femmes tout comme beaucoup d’autres personnes sans protection restent à la merci de ceux qui ont le pouvoir de trancher sur leur sort.
Le climat de guerre est délibérément et ingénieusement maintenu au Rwanda : les soldats campent partout sur les collines et marchent avec leurs armes dans les rues des villes, les civils armés formant d’innombrables « unités de défense locale » (local defence force), appelées DASSO (District Administrative Security Support Organ), sont disséminés partout sur le territoire rwandais. La loi du plus fort favorise le viol et d’autres abus contre des personnes faibles. Dans une telle situation, les femmes qui ne sont pas protégées par des acteurs armés, sont exposées aux viols permanents, autant que d’autres personnes sans défense sont obligées de payer sans cesse des rançons pour acheter leur vie.
Mutilation des organes génitaux
Pendant cette guerre, beaucoup de femmes ont subi la mutilation de leurs organes génitaux. Cet acte de barbarie se faisait surtout à l’aide de simples couteaux de poche. Dans certains cas, les sexes des femmes victimes étaient « travaillés » à l’aide de baïonnettes. Selon les témoignages recueillis, ces mutilations étaient commises lors des escarmouches par des rebelles qui n’avaient pas le temps de violer leurs victimes. Dans la plus part des cas, les victimes ont succombé à l’hémorragie.
Dans l’histoire du Rwanda il est connu que seuls les hommes vaincus lors des expéditions des conquêtes subissaient l’amputation des sexes dont les dépouilles servaient à décorer le tambour Kalinga (signe du pouvoir des monarques tutsis). Notons en outre que les guerriers récupéraient et emportaient les organes masculins amputés de leurs adversaires comme preuves à présenter au roi qu’ils avaient réellement tué l’ennemi afin d’en être récompensé. La barbarie qui consiste à mutiler les organes génitaux n’avait jamais été commise contre les femmes au Rwanda avant l’introduction de la guerre nouvelle. La raison de la mutilation des sexes des femmes n’a donc rien à voir avec la culture et le passé des Rwandais. C’est une nouveauté étrangère.
Mutilation des seins
Les mutilations des seins des femmes est un acte de barbarie qui accompagnait souvent celle de la mutilation des sexes. Mais il arrivait que seuls les seins soient coupés et les sexes épargnés ou vice-versa. Cela dépendait de la volonté des rebelles et du temps dont ils disposaient pour commettre ces atrocités. Les instruments utilisés dans les deux cas sont les mêmes. L’analyse des témoignages montrent cependant que la mutilation du sexe se produisait souvent après le viol, et que la mutilation des seins se faisait le plus souvent dans le cadre des actes de tortures commis surtout pour arracher aux victimes des informations ou pour les contraindre à commettre de la bestialité sur d’autres membres de leurs propres familles.
Dépeçage et éventrement des femmes
Cette bestialité consiste en l’ouverture des ventres des victimes du sexe jusqu’au niveau de l’estomac par des objets tranchants. Des fois cette ouverture pouvait aller jusqu’au niveau du cou. Dans la plupart des cas, cette pratique se faisait en suspendant les femmes à l’envers les jambes écartées, sur des branches d’arbres ou sur d’autres objets qui pouvaient servir de poteaux transversaux attachés sur d’autres supports verticaux.
Les femmes enceintes étaient, plus que d’autres, visées par cette cruauté. Après avoir éventré les femmes enceintes, on enlevait les fœtus et on laissait mourir la maman et le fœtus séparément. Ce que nous n’avons jamais compris et dont nos interlocuteurs étrangers n’ont aucune idée, ce sont les motivations ou le but poursuivi dans cet acte barbare de séparation des corps des deux victimes. Probablement que cela tient à des croyances en vigueur en Ouganda ou alors cela tient tout court à la cruauté visant l’objectif de choquer les populations et de les chasser de leurs terres. Ce qui est certain, c’est que ces comportements inhumains du FPR ont provoqué une aversion totale de la population contre ses combattants et une peur bleue ne fut-ce qu’à l’évocation du nom FPR !
Empalement des femmes à l'aide d'objets pointus
Cette forme de cruauté consistait à percer le corps des femmes du sexe à la tête ou au cou, à l’aide des objets comme des bâtons ou des métaux très pointus. Ces objets étaient enfoncés dans le vagin et poussés à travers les intestins jusqu’au niveau de la poitrine. Comme dans les cas précédents, les victimes étaient souvent suspendues à des troncs d’arbres ou sur tout autre objet servant de transversale ou de poteau. Avant que leurs corps soient traversés par des objets pointus, les victimes subissaient souvent le déchirement du sexe, que les criminels effectuaient de la manière la plus atroce en enfonçant sauvagement des objets dans les parties intimes des victimes. Avec ces bestialités les victimes souffraient énormément et ne mourraient pas immédiatement. L’agonie était trop longue. Les victimes mourraient d’une longue hémorragie qui s’accompagnait des douleurs intenses.
Introduction d'objets dans les parties génitales
Dans de nombreux cas, les rebelles « travaillaient » les parties génitales des victimes avec des objets. Les bourreaux faisaient subir à leurs victimes une souffrance extrême en introduisant sauvagement des objets comme des bâtons, des bouteilles, des bananes vertes, des pilons enduits de piment fort, des patates douces, des canons de fusils etc. dans les parties génitales et les remuaient sauvagement dans tous les sens.
Viol forcé entre les victimes
Les rebelles du FPR ont souvent forcé les membres d’une même famille à avoir des relations sexuelles incestueuses, que ce soit entre mère et fils, père et fille, frère et sœur, oncle et nièce, tante et neveu, etc. Des membres de famille, y compris des enfants, étaient également contraints non seulement à assister à ces viols forcés des leurs, mais aussi à les commettre eux-mêmes. Cette forme de viol allait naturellement au de-là de la souffrance physique des victimes et conduisait à une souffrance profonde psychologique et existentielle. Certaines des victimes qui n’avaient pas succombé à ces atrocités, n’ayant pu supporter de vivre avec le poids de tels souvenirs et d’une telle souffrance, se sont par la suite suicidées.