Autre motivation, c'était le
moment de l'acquisition du grade d'officier qui
se donnait en présence de MUSEVENI en Ouganda et
plus tard à MULINDI. A ce moment là, vous
devenez officier au même rang que des officiers
ougandais et c'est uniquement à cette occasion
que vous avez un salaire. Donc, tout le monde
combattait pour avoir un jour le grade
d'officier, un très grand privilège dans le
F.P.R.
LA SITUATION DES COMMANDOS EN
BELGIQUE:
Le FPR a envoyé beaucoup de
commandos en Belgique. Mais, il y en a d'autres
qui ont fui par leur propre gré à cause du
mécontentement existant à l'intérieur même de
l'armée. Mais pour la plupart de ceux qui sont
au service du FPR sont payés par l'ambassade en
espèce. Il y en a d'autres qui sont venus en
signe de récompense et dans le cadre de la
démobilisation pour effectuer leurs études en
Belgique. Mais le FPR dit qu'en cas de besoin il
peut rapatrier tout le monde. Cependant, les
opérations pourront se faire par le biais des
arabes en Belgique. Il y en a d'autres qui sont
en France et en Hollande. La personne qui est le
plus visé est Faustin Twagiramungu, en Belgique.
Le circuit est long, le lieu de
rencontre à Bruxelles c'est à Ixelles au café
I. et environnants. A Liège, il y a aussi un
point de rencontre, mais surtout le lieu
d'achat et de passation des armes. Néanmoins,
parmi les gens qui sont le plus à l'oeuvre
figure P.R (**) dont les numéros de téléphone
sont : (**) GSM (**). Figurez-vous qu'il y a
des militaires à MATONGE (*****) qui assurent
une sorte de service de sécurité dans les
lieux de rencontre des opérateurs du FPR .
CONCLUSION
Le constat est que la
personne vit encore les horreurs auxquelles
lui-même a participé. Il vit une situation de
peur, mais il ne sait de quel moyen il peut se
racheter auprès des rwandais. D'autre part, il
sait que le FPR est capable de tout; même là
où il est, il se voit aussi dans l'insécurité
pour lui-même et ses parents restés au Rwanda.
De toutes les façons tôt ou tard, il pourra
témoigner en public s'il constate que les
conditions de sécurité sont réunies. »
Notes du transcripteur:
(*) Front Patriotique
Rwandais : Mouvement politico-militaire,
majoritairement tutsi qui a lancé une
attaque contre le Rwanda le 1er octobre
1990, à partir de l'Ouganda, a mis fin au
génocide des tutsi dans lequel il a une
responsabilité, et responsable du génocide
des hutu, toujours en cours, mais aussi de
l'extermination des populations non tutsi
du Kivu.
(**) Par Mesure des
sécurité, les indications pouvant
permettre l'identification du témoin ou
pouvant mettre en cause inutilement des
tiers ont été volontairement escamotées
ou modifiées.
(***) Forces Armées
Rwandaises : Forces armées de l'ancien
régime, défaites en 1994 par les
forces du Front Patriotique Rwandais.
(****) Milices
extrémistes hutu, responsables, avec
certains éléments des FAR, du
génocide des tutsi en 1994.
(*****) Quartier
africain situé dans la commune
d'Ixelles à Bruxelles.
COMMENTAIRES
DU CENTRE DE LUTTE CONTRE L'IMPUNITÉ
Ce témoignage
assez précis corrobore les
informations recueillies par le
Centre depuis plusieurs années
sur les massacres à grande
échelle, commis délibérément par
les militaires du Front
Patriotique Rwandais (FPR).
1) Il souligne
la responsabilité du Front
Patriotique Rwandais dans le
génocide des Tutsi, rôle que
ni la Commission parlementaire
belge, ni la Mission française
d'information n'ont mis
suffisamment en évidence.
Outre les faits de provocation
des massacres contre les Tutsi
rapportés par le témoignage
ci-dessous, le Centre rappelle
que le FPR s'est
catégoriquement opposé au
renforcement des forces de la
Mission des Nations Unies au
Rwanda (MINUAR) estimant début
mai 1994, que le génocide
était consommé et qu'il n'y
avait plus rien à sauver (la
réalité démontrera le
contraire), car son principal
souci, partagé par ses
puissants alliés, était de
prendre le pouvoir, quel que
soit le prix.
Le Général
KAGAME l'a d'ailleurs
confirmé lui-même, en
déclarant dans un discours
prononcé au Parlement
européen le 20 janvier 1998,
que les pertes en vies
humaines et les destructions
matérielles étaient le prix
à payer pour l'éradication
des maux du passé. Le Centre
estime que le FPR a
instrumentalisé les tutsi
qui vivaient au Rwanda avant
1994, comme il le fait
aujourd'hui avec les Tutsi
Banyamulenge, dans l'unique
but de parvenir de s'emparer
du pouvoir.
Le Centre
formule le souhait que la
responsabilité du FPR dans
le génocide rwandais qui
se poursuit, et des
gouvernements étrangers
qui l'ont soutenu soit
examinée plus en
profondeur par la
Commission d'enquête de
l'ONU à mettre sur pied.
2) Le
témoignage illustre, si
besoin en était encore,
la duplicité, le
mensonge et la
manipulation des médias
utilisés par le FPR pour
attribuer ses crimes à
ses adversaires. Ces
manipulations ont été
dénoncées avant nous,
par «Amnesty
International» («Rwanda
- Recrudescence
alarmante des massacres»,
12/8/1996).
Il
démontre aussi la
stratégie utilisée
systématiquement par
le FPR, qui consiste à
provoquer l'adversaire
pour ensuite donner un
prétexte à une action
programmée à l'avance.
Cette stratégie a été
utilisée notamment: En
1994; en avril 1995
lors des massacres de
Kibeho (Les
témoignages récents
indiquent que de faux
miliciens hutu
infiltrés dans les
camps de déplacés ont
commencé à tirer sur
les militaires FPR qui
ont aussitôt riposté à
l'arme lourde et fait
entre 4.000 et 8000
morts parmi la
population civile non
armée); lors de la
première guerre du
Congo-Zaïre en 1996,
des organisations
humanitaires et des
journalistes
occidentaux ont
véhiculé
volontairement ou non,
de fausses
informations selon
lesquelles les
anciennes forces
armées rwandaises
préparaient une
attaque d'envergure du
Rwanda, propagande qui
a servi de prétexte au
démantèlement
meurtrier des camps et
à l'extermination des
réfugiés hutu; en
1996-1997 durant les
massacres du Nord
Ouest (RUHENGERI-GISENYI)
où des attaques
faussement attribuées
à des infiltrés hutu
ont été suivies de
massacres à grande
échelle des
populations civiles
non armées. Toute la
région est aujourd'hui
dépeuplée. Ce qui fait
dire à certains
observateurs
étrangers, acquis au
régime du Général
KAGAME, bien qu'ils
soient parfaitement au
courant des crimes
contre l'Humanité
commis par ce régime,
que le calme règne à
Gisenyi et Ruhengeri,
désormais débarrassées
des rebelles hutu,
repoussés loin au
Congo.
Cet
argument devrait
servir de prétexte à
une occupation
prolongée du Kivu
pour d'obscures
raisons de sécurité,
avancées bien
tardivement, et qui
du reste,
n'expliquent pas le
ballet aérien entre
Goma et Kitona et
les tentantives de
prendre l'aéroport
de Kinshasa .
Le
Centre avait dans
son communiqué n°
29/98 du
18/02/1998 («Plan
d'attaque contre
les populations
civiles du Kivu»)
dénoncé
l'existence d'un
plan préexistant
aux événements
actuels visant à
vider le Kivu de
ses habitants
considérés comme
hostiles par le
régime rwandais,
en vue de les
remplacer par des
populations moins
hostiles. Cette
politique de «tutsilandisation»
a été expérimentée
avec succès au
Rwanda, notamment
dans le Bugesera.
3) Le témoignage
conforte la
thèse du Centre
selon laquelle
l'élimination,
froide,
systématique et
méthodique des
populations
civiles hutu
résulte d'une
politique
délibérée et
conçue au plus
haut niveau de
l'Etat. La prime
est accordée par
la hiérarchie
militaire au
soldat qui tue
le plus de
personnes. Il
n'y a donc rien
d'étonnant à ce
que l'ex Colonel
KAYUMBA NYAMWASA,
responsable de
l'élimination
physique d'une
grande partie de
la population
civile du Nord
Ouest du Rwanda
(qui se
chiffrait en
1996 à 1.500.000
habitants, dont
il ne resterait
que 630.000 et
peut être même
moins - voir
communiqué n°
44/98), ait été
promu, en guise
de récompense,
au grade de
Général et chef
d'Etat major de
l'APR ! D'autres
cas de promotion
de militaires
criminels ont
été dénoncés par
le Centre.
4) Le récit
atteste enfin
de la présence
de commandos
de la mort en
occident,
notamment en
Belgique,
chargés de
traquer les
opposants, les
militants des
droits humains
etc. Le Centre
a alerté tous
les services
de sécurité du
Royaume de
Belgique
depuis 1996.
Des
informations
récentes dans
le même sens
ont été
diffusées par
deux
organisations
politiques
rwandaises, le
Congrès
Démocratique
Africain et
l'Union des
Forces
Démocratiques
Rwandaises.
5) Enfin, le
témoin met
en évidence
la
responsabilité
directe du
Général Paul
KAGAME mais
aussi du
Président
ougandais
YOWERI
MUSEVENI
dans les
crimes de
génocide,
crimes
contre
l'humanité,
crimes de
guerre,
commis au
Rwanda
depuis le
1er octobre
1990 jusqu'à
nos jours,
mais aussi
dans l'Est
du Congo.
Le Centre
demande en
conséquence,
que le
Général
Paul
KAGAME, la
hiérarchie
militaire
et civile
rwandaise
responsable
de ces
crimes, et
le
Président
YOWERI
MUSEVENI
soient
déférés
devant le
Tribunal
Pénal
International
pour le
Rwanda,
dont la
compétence
dans le
temps et
l'espace
doit être
élargie.
Le
Centre
exhorte
les
victimes
rwandaises,
les
anciens
militaires
du FPR,
miliciens
et ex
FAR, à
témoigner,
au
besoin
sous
couvert
de
l'anonymat,
et à
dénoncer
les
membres
de la
hiérarchie
militaire
de l'APR
et des
ex FAR
qui ont
fait
d'une
bonne
partie
de la
jeunesse
rwandaise
des
assassins.
C'est
l'unique
manière
de
sauver
ceux qui
sont
encore
en vie
et qui
ne le
seront
sans
doute
plus
demain
si tous
les
témoins
se
taisent.
C'est
l'unique
moyen de
se
racheter
au yeux
du
peuple
rwandais.
Pour
le
Centre,
Joseph
MATATA,
Coordinateur