Helmut Strizek, Bonn
Témoignage dans le
Procès contre Bernard Ntuyahaga, Bruxelles, 10 mai 2007, 14.30 h
Sujet: Le Network
international du FPR
Permettez‑moi
quelques mots introductifs expliquant les motifs de mes efforts de recherche
depuis 1994. Vous allez voir que je lutte contre la « version officielle » de
l'explication du génocide contre les tutsi. Ma question principale a toujours
été et restera toujours : Pourquoi les tutsi n'ont‑il pas été sauvés
tandis que cela était faisable ? Qui a sacrifié les tutsi ? Pour être clair :
les tutsi ont été victimes de la fureur d'un million de déplacés internes hutu
chassé de nouveau par le FPR le 7 avril 1994. Cette « fureur hutu » était
sciemment provoquée par le FPR alors qu'elle aurait pu être endiguée facilement
dans le cadre d'une concertation internationale. Le destin des tutsi était
scellé par la décision honteuse de Conseil de sécurité du 21 avril 1994 de
réduire à un chiffre symbolique la MINUAR et d'encourager par ce fait « la bête
humaine ». Les victimes hutu dans les territoires sous contrôle du FPR ne
peuvent plus être niées, mais c'est justement là le grand tabou. Robin PHILPOT
a raison : « Ça ne s'est pas passé comme ça à Kigali. » 1
Je vais
me concentrer maintenant sur le rôle de quelques personnes qui ont oeuvré pour
cacher au monde la vérité historique dans l'intérêt de Paul KAGAME. Ce
vainqueur de la guerre d'agression a été caractérisé dans une interview avec LE
SOIR du 13.1.2005 par Filip REYNTJENS à forte raison comme «le plus grand
criminel de guerre en fonction aujourd'hui ».
La création du
réseau international du Front Patriotique Rwandais (FPR)
Deux
noms s'imposent en premier lieu: Alexandre KIMENYI et Roger WINTER. Alexandre
KIMENYI a pu faire ses études de linguiste aux Etats Unis à Partir de 1971 et y
est resté comme une sorte d'exilé tutsi rwandais. Il est devenu professeur à
l'université à Sacramento en Californie. Il a créé en 1982 la revue IMPURUZA où
il a propagé le retour au pouvoir des aristocrates tutsi. Il était très lié à Fred
RWIGEMA, un exilé tutsi, devenu viceministre de la défense sous Yoweri
MUSEVENI en Ouganda. Le « Commandant Fred » avait créé avec un groupe d'amis,
entre autres avec le chef adjoint du service secret militaire ougandais Paul
KAGAME, la nouvelle organisation des exilés tutsi FPR en 1986/7. C'est RWIGEMA
qui a commandé l'agression du FPR le la octobre 1990 mais a été tué dans des
circonstances toujours obscures dans les premiers jours de cette guerre de
reconquête.
Notamment
avec Roger WINTER, Alexandre KIMENYI2 avait organisé en 1988 une
conférence à Washington où la décision du retour armé a été prise. Cette
conférence a été rendue possible par le fait que Roger WINTER pouvait utiliser
ses contacts politiques et se servir des infrastructures de l'organisation semi‑étatique
qu'il présidait. En effet, depuis longtemps Roger WINTER était directeur de United States' Committee for Refugees qui
s'occupe de l'aide aux réfugiés dans beaucoup de pays‑ du monde. Mais il
avait établi spécialement des liens avec et des sympathies pour les exilés
tutsi en Ouganda notamment.
(1)
Titre de son livre de 2003.
(2)
Après la victoire du FPR KIMENYI a
rompu avec KAGAME sur des divergences concernant la façon de diriger le nouvel
état.
WINTER
défend de tout coeur la cause du FPR dès sa création et est resté jusqu'à
présent un « sponsor » infaillible du régime KAGAME Roger WINTER peut être
considéré comme un des plus importants « blancs menteurs » pour reprendre la
terminologie de Pierre PÉAN. WINTER a joué un rôle important dans la duperie
concernant l'implication rwandaise dans la destruction des camps de réfugiés à
l'est du Zaïre et le renversement de MOBUTU pour empêcher des élections au
Congo en 1996/1997.
Le réseau international du FPR en action
KIMENYI
et WINTER avaient compris déjà en 1988 qu'il fallait mettre en oeuvre une
stratégie astucieuse pour convaincre la communauté internationale de la
nécessité d'une guerre de reconquête du pouvoir à un moment où le vent
démocratique commençait à souffler à travers le monde entier. Ils savaient que
ce vent transformerait obligatoirement la structure étatique rwandaise. Il
faillait donc cacher la peur de la minorité aristocratique devant des élections
qu'elle perdrait à coup sûr. C'est pour cela qu'elle s'est couverte de quelques
hutu qui étaient en brouille avec le Président HABYARIMANA et qui vivaient à
l'extérieur du Rwanda. Il fallait devancer par tous les moyens ce processus
démocratique par l'incitation d'une guerre civile et un dénigrement à outrance
du gouvernement légal en place sous la direction du Général Juvénal
HABYARIMANA. « Le danger démocratique » a grandi avec la défaite cuisante du
FPR et la mort de Fred RWIGEMA en octobre 1990. La propagande camouflant des
vrais objectifs du FPR est devenue un impératif quand Paul KAGAME est devenu
l'homme fort du FPR malgré la présidence formelle du hutu Alexis KANYARENGWE à
la tête de l'organisation. Dès la reprise de la guerre en janvier 1991 KAGAME a
appliqué une stratégie de terreur contre la population civile. Pour divertir l'opinion
internationale de ce fait il fallait donc attribuer au régime en place les
crimes qui étaient la conséquence inévitable de la stratégie de guérilla. La
recherche du soutien d'un « réseau blanc » dans l'application de la propagande
anti‑Habyarimana était judicieuse et KAGAME a raison quand il a constaté
une fois que personne n'a maîtrisé l'outil de propagande mieux que le FPR.
Roger
WINTER et ses amis à travers le monde entier ont justifié tout sacrifice imposé
à la population hutu rwandaise par l'invention d'horreurs attribuées au régime
Habyarimana. Sans rentrer dans les détails je voudrais juste mentionner qu'une
partie importante dans cette propagande revenait au protestantisme américain et
international pour des raisons pas très faciles à expliquer. L'ancien Premier
ministre français et protestant pratiquant Michel ROCARD y ajoué un certain
rôle en diffusant après un voyage au Rwanda en 1997 le terme ‑inventé par
Jean‑Pierre Chrétien ‑ « nazisme tropical » pour caractériser le
régime HABYARIMANA.
Pendant
la guerre de reconquête qui n'était pas populaire dans un monde après
l'écroulement du communisme et la dissolution de l'Union Soviétique il fallait
absolument inventer des prétextes pour divertir l'opinion internationale du
fait que le FPR a toujours rompu des accords de cessez‑le‑feu quand
elle avait pu s'approvisionner suffisamment en armes.
La stratégie de
diversion du FPR
En infraction des cessez‑le‑feu en vigueur le
FPR
–
a lancé une nouvelle offensive en juin 1992 pour occuper une partie du
territoire rwandais au nord,
- a attaqué le 8 février 1993 pour imposer une zone
démilitarisée et a commencé l'agression finale le 6 avril 1994 contre l'esprit
et la lettre des Accords d'Arusha conclus le 4 août 1993
La
propagande anti‑gouvernementale a minutieusement été développée pour
divertir notamment le public des conséquences néfastes prévisibles de
l'agression du 8 février 1993. Ce fut une sorte de répétition générale. Toutes
les actions de propagande appliquée avant l'offensive du 7 avril 1994 sont une
sorte de doublette de ce qui a été préparé en janvier 1993 à l'exception de
l'attentat des deux Chefs d'États rwandais et burundais le 6 avril 1994.
La CIE
En
préparation de l'agression du 8 février 1993 un rôle décisif revenait au réseau
« blanc » du FPR. En anticipant les événements horribles qui accompagneraient
cette offensive « le réseau blanc » est arrivé à imposer à l'opinion
internationale une « lecture officielle » par l'envoi d'une « COMMISSION
INTERNATIONALE D'ENQUETE SUR LES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME AU RWANDA
DEPUIS LE 1 er OCTOBRE 1990 ». Les membres de cette Commission arrivent au
Rwanda le 8 janvier 1993. Sur base de documents incontestables, on sait que le
FPR a attendu le rapport des « ses » experts ‑ en majorité blancs. KAGAME
pouvait être sûr que ses experts joueraient le rôle qu'il leur a attribué. Et
effectivement le rapport préliminaire soumis fin janvier 1993 au public dans
une conférence de presse fort médiatisée a eu les effets attendus. L'opinion
internationale a pris les « résultats » des éminents personnages à la lettre.
Par conséquent HABYARIMANA et son gouvernement de coalition ont perdu tout
crédit de la part des « donateurs ». La Belgique a tout de suite gelé son
programme d'aide.
Je
voudrais vous présenter un petit tableau non‑exhaustif des actrices et
des acteurs blancs sur la scène médiatique en faveur du FPR notamment les
membres de cette « Commission d'Enquête ».
La «
procureure mondiale honoraire » qu'est devenue Alison DES FORGES ‑ que la
Cour a déjà entendu ‑ entre au moment de la préparation de cet Commission
aux services de Africa Watch ‑ aujourd'hui Human Rights Watch ‑
pour succéder à la Somaliene Rakyia OMAAR qui était déjà « brulée » puisque
tout le monde connaissait ses partis pris en faveur du FPR.
A Alison
Des FORGES revenait ‑ soutenu entre autres par Filip REYNTJENS ‑ à
partir de New York l'organisation technique de cette fameuse « COMMISSION
INTERNATIONALE D'ENQUETE » pour divertir l'opinion internationale des effets
néfastes que l'agression programmée par le FPR va avoir sans doutes.
La
Commission était composée d'éminents personnages. A côté de Alison DES FORGES
se trouvaient des juristes de renom comme les professeurs SCHABAS (Canada) et
SEGUIDEGNI (Côte d'Noire), Halidou OUEDRAOGO de la Cour Suprême de Burkina
Faso, l'avocat belge Eric GILLET, le Docteur en droit et journaliste Philippe
DAHINDEN (Suisse) et le Néerlandais Rein ODINK. Comme «'chef spirituel » de
l'opération s'est avéré Jean CARBONARE, le chef de l'organisation SURVIE en France.
Lors de la conférence de presse sensationnelle, déjà mentionnée, la délégation
surprend le monde entier en accusation le Président HABYARIMANA et son Premier
ministre NSENGIYAREMYE de préparer à l'aide des « escadrons de la mort » un
génocide dirigé contre la population tutsi .
Puisque Kenneth ROTH, le nouveau chef du Human Rights
Watch et dont une partie de la
famille
était victime de la Shoa perpétrée par le gouvernement allemand, a demandé
l'utilisation prudente du terme de génocide, le Rapport publié le 8 mars 1993,
par conséquent, n'accuse pas ouvertement Habyarimana de planifier un génocide.
On y lit la phrase énigmatique : « Certains juristes
estiment que le nombre de tués est un élément d'importance pour que l'on puisse
parler de génocide. Les chiffres que nous avons cités, certes considérables
pour le Rwanda, pourraient, aux yeux de cesjuristes, rester en deça du seuil
juridique requis. La Commission estime que, quoi qu'il en soit des
qualifications juridiques, la réalité est tragiquement identique. » Le
Rapport présenté par cette Commission est scandaleux. Presque toutes les
affirmations ont été démasquées entre‑temps. Les instigateurs de la
Commission ont apparemment essayé de créer un document comparable aux procès‑verbaux
de la Conférence de Wannsee en 1942 qui effectivement ont prouvé la
planification de l'extermination des juifs européens par l'état nazi. Le
rapport de la Commission d'enquête servait aux Procureurs du Tribunal d'Arusha
pendant un certain temps comme document de référence pour « prouver » la thèse
de la planification du génocide anti‑tutsi par les extrémistes hutu. Mais
à la longue toute personne honnête doit reconnaître sa mauvaise qualité et son
caractère trompeur.
Jean CARBONARE ‑
le « chef de file » des « blancs menteurs »
Parlons
un peu plus du grand « blanc menteur » qu'est Jean CARBONARE. Ce protestant
français joue un grand rôle dans la justification de la reconquête du pouvoir
par les exilés. Jean CARBONARE avait un renommé de vrai « tiers‑mondiste»
auprès de la gauche européenne. J'ose dire que c'est ce fait qui, a même fait
hésiter le Président Mitterrand d'utiliser des informations dont il disposait
pour réfuter immédiatement les mensonges propagé par Jean CARBONARE à la
télévision française le 28 janvier 1993. A partir de ce moment toute la gauche
européenne ‑ et pas seulement elle ‑ croyait que le Président
HABYARIMANA était un train de préparer un génocide. Comme je l'ai déjà les «
révélations » de Jean CARBONARE devant la presse internationale ont atteint leur
objectif majeur. La communauté internationale, notamment la Belgique a commencé
à geler ‑ Jean GOL en était heureux ‑ son soutien de vingt années
au Président HABYARIMANA.
François‑Xavier
VERSCHAVE, à ce moment proche collaborate&de Jean CARBONARE en sa fonction
de président de l'organisation SURVIE a succédé à Jean CARBONARE dans cette
fonction quand celui‑ci s'est installé après la victoire du FPR à Kigali
pour bien « observer » au nom de Paul K‑AGAME le hutu Pasteur BIZIMUNGU,
le premier Président de « l'Etat FPR ». CARBONARE et VERSCHAVE ont développé
une haine farouche contre l'armée française, ce qui a plu à une grande partie
de la gauche mondiale.
Filip
REYNTJENS ne faisait pas partie de la Commission mais c'est lui qui avait
fournie avant l'arrivée de la Commission à Kigali de la crédibilité à un
certain Janvier AFRIKA qui s'est avéré beaucoup plus tard de ne pas être
crédible du tout. Mais sous la pression du « réseau REYNTJENS » HABYARIMANA a
accepté que la Commission a pu rendre visite à Janvier AFRIKA en prison sans
accompagnement d'agents du gouvernement pour « pérorer » devant une caméra sur
le rôle de Président HABYARIMANA au sein de ces escadrons de la mort inventés
de A à Z.
Vous
avez eu l'occasion d'entendre longuement le Professeur REYNTJENS dont la
position très critique actuelle envers Paul KAGAME ne peut pas cacher que
jusqu'à présent il est influencé par une haine presque maladive contre le
Président HABYARIMANA, haine qui l'a conduit jusqu'à fournir la première
filière française ‑ fausse ‑ concernant la provenance des missiles
qui on détruit l'avion présidentiel le 6 avril 1994. Il avoue aujourd'hui cette
erreur, mais il continue à maintenir ses spéculations concernant la
planification du génocide par des « extrémistes hutu ». Selon mes informations
il a fait croire à la Cour que l'information que le gouvernement belge avait
des indications concernant la planification de l'assassinat d'un certain nombre
de casques bleus belges pas les « génocidaires hutu» est sérieuse. Or, cette information
se trouve dans le fameux fax du Général DALLAIRE du 11 janvier 1994 reportant
des « informations » d'un certain « Jean‑Pierre ». D'ailleurs, l'original
de ce fax adressé à son ami canadien Maurice BARIL au Quartier Général à New
York ne se trouve pas dans les archives des Nations Unies. Toutes les
conséquences que ce fax a produites se basent sur une copie et Chris BLACK, un
avocat au TPIR, affirme que la copie contiendrait des rajouts.
Concernant
les « révélations » de « Jean‑Pierre » on ne risque plus de se tromper
quand on affirme que cet homme ‑ du vrai nom de Abubakar TURATSINZE ‑
était un agent du FPR qui a dû payer de sa vie cette connaissance dangereuse.
Je ne
veux pas spéculer trop pourquoi le FPR a mis au monde cette information le 10
janvier 1994. Je veux simplement dire que ce n'est pas du tout une information
émanant de quelques groupes hutu. Par ailleurs, une grande partie des
informations qui devraient prouver le rôle criminel du régime HABYARIMANA par
exemple la lettre des « militaires modérés » du 3 décembre 1993 étaient
fabriquées par le FPR. Le cas le plus spectaculaire me semblent être les
assassinats d'Emmanuel GAPYISI et de Félicien GATABAZI. Pendant des années la
communauté internationale croyait à la version officielle de la responsabilité
du « cercle HABYARIMANA » pour ces meurtres. Maintenant il est établi par André
GUICHAOUA que la responsabilité en revient à Paul KAGAME.
Jean GOL
J'aimerais
juste un petit moment revenir sur le rôle décisif de Jean GOL pour la
préparation du terrain international en faveur du FPR. Il y a beaucoup
d'éléments pour expliquer pourquoi cet homme anti‑clérical soit anti‑catholique
et humaniste a pu être gagné à la cause terroriste du FPR. De fait il a cru à
la présentation scandaleuse des exilés aristocratiques comme les « Juifs
africains » par le réseau mondial des extrémistes tutsi comme Alexandre
KIMENYI. Par ailleurs, Louis MICHEL, l'actuel Commissaire Européen au
Développement, se comporte comme successeur spirituel de Jean GOL. La justification
par Louis MICHEL de tous les crimes commis par Paul KAGAME ‑ décrits
minutieusement par le dissident du FPR Abdul RUZIBIZA ‑ et ses éloges en
faveur de la dictature rwandaise actuelle s'inspirent bien de l'action de feu
Jean GOL. Dans la même ligne d'idées, il faut citer Alain DESTHEXE. Ses
sympathies pour la dictature de Kigali sont notoires.
Concernant
Colette BREACKMAN et Marie‑France CROS, les deux « haut parleurs » belges
de la voix du FPR je veux me limiter à citer leurs noms. Vous les connaissez
mieux que moi. Mais il faut dire que Colette BREACKMAN a joué un rôle de
premier ordre pour empêcher la gauche internationale d'utiliser leurs propres
têtes pour analyser la vraie situation. Gérard PRUNER avait une importance
égale dans ce processus avec son livre tout de suite publié en anglais pour
présenter la « lecture officielle ». Comme Filip REYNTJENS, tous les trois ont
entre‑temps changé ‑ même plusieurs fois ‑ leurs positions,
mais maintiennent néanmoins la fausse thèse de la planification du génocide
préparé par le gouvernement intérimaire. Cette thèse est la raison d'être du
Tribunal d'Arusha dont la création était favorisée par tous les quatre.
Je ne
comprendrai jamais pourquoi un quotidien conservateur comme LE FIGARO a ouvert
ses colonnes pendant maintenant plus de 10 ans à leurs thèses plutôt «
gauchistes » de dénigrement de l'armée françaises reprises par Patrick de SAINT
EXUPÉRY3. Pour convaincre les sociaux‑démocrates Allemands qui
étaient de longue date très critiques vis‑à‑vis de la présence «
néo‑coloniale » française en Afrique francophone et vis‑à‑vis
du catholique fervent HABYARIMANA le professeur Jean‑Pierre CHRÉTIEN
ajoué un rôle très important. Le directeur pour l'Afrique au ministère des
affaires étrangères allemand Harald GANNS a beaucoup apprécié et la position de
SURVIE et celle de Jean‑Pierre CHRÉTIEN. GANNS, un social‑démocrate
servant sous un ministre libéral, était une sorte de courroie de transmission
pour SURVIE en Allemagne puisque il connaissait très bien l'Afrique pour avoir
été longtemps ambassadeur dans différents pays africain et pour avoir développé
une certaine antipathie visible contre les français en Afrique. C'est un des
éléments qui ont joué pour découvrir une grande sympathie envers Paul KAGAME.
Harald GANNS vient de défendre dans une revue de tendance protestante sa «
priorité des priorités » pour défendre le régime FPR contre vents et marées. Il
écrit qu'il a visité entre 1994 et 1998 10 fois le Rwanda et a eu 15 entrevues
avec KAGAME. Lors d'une conférence il a publiquement expliqué le 30 avril 1995
: « Nous nous battonsfarouchement avec
lesfrançais concernant le Rwanda, mais nous lefaisons à huis‑clos puisque
nous ne voulons pas risquer une crise avec la France au sujet de ce pavs. ».
A partir
de 1995 il était soutenu par Uschi EID dans son effort de protéger KAGAME. Mme
EID est toujours député du parti des écologistes GRÜNE et a « couvert » le
régime de KAGAME notamment pendant ses années comme Secrétaire d'Etat
parlementaires. Elle a pu sous la protection du ministre des Affaires
étrangères Joschka FISCHER qui de sa part était protégé par Madeleine ALBRIGHT
supprimer toute velléité allemande qui aurait pu chercher la vérité concernant
l'attentat du 6 avril 1994.
Bill CLINTON et
Madeleine ALBRIGTH
C'est le
bon moment de faire un petit saut en arrière. Puisque la prise en charge de
l'administration américaine par le nouveau Président américain Bill CLINTON le
20 janvier 1993 est décisive pour l'ambiance anti‑Habyarimana dans le
monde occidental. Tandis que l'administration BUSH père favorisait en la
personne du Secrétaire d'Etat Herman COHEN une collaboration étroite avec la
France, ce contact perd tout son poids sous la nouvelle administration.
Pourtant la France et la nouvelle administration CLINTON ont encore négocié
ensemble les Accords d'Arusha qui prévoyaient une participation du FPR au
pouvoir mais voulaient empêcher la prise totale du pouvoir pas les exilés
tutsi. Selon mes recherches c'est avant tout la nouvelle représentante
américaine auprès des Nations Unies, Madeleine ALBRIGHT, probablement parce
qu'elle se méfiait de la position pro Arabe de Mitterrand, qui cherchait à
arriver à d'autres rives. Quand CLINTON a subitement quitté militairement
l'Afrique après la débâcle de Mogadishu le 3 octobre 1993 les États Unis ont
abandonné la concertation avec MITTERRAND. La démocratisation~propagée par lui
n'était plus à l'ordre du jour à Washington. L'éloge de la nouvelle génération
de chefs militaires comme alliés des Etats Unis se faisait jour.
Un autre
fait important n'est pas pris en compte à sa juste valeur. C'est l'arrivée de
Robert RAWSON comme Ambassadeur américain à Kigali. Ce militant du mouvement
protestant « évangélical » Prayer Breakfast Movement avait participé comme
représentant de ce
(3) Le
professeur français Bernard LUGAN vient de réfuter toutes les attaques contre
l'armée française dans un livre intitulé :
Rwanda. Contre‑enquête sur le génocide.
mouvement
aux négociations d'Arusha. Il a pu exercer une certaine influence pour que leur
résultat soit en faveur du FPR et de l'Ouganda. Quand il est arrivé peu après à
Kigali comme ambassadeur américain RAWSON a pu influencer à Kigali ensemble
avec la numéro 2 de l'ambassade Joyce LEADER l'application des Accords dans un
esprit pro‑FPR. RAWSON avait longtemps collaboré avec le fervent
protestant Rudolf DECKER, chef de la succursale allemande des Breakfast Prayer
dans l'établissement des Accords d'Arusha. DECKER a pu établir de liens étroits
avec la famille HABYARIMANA pour la convaincre des bonnes intentions de
MUSEVENI. Est‑ce que RAWSON et DECKER étaient définitivement au courant
de la décision du Pentagon de laisser leurs alliés FPR « liquider » HABYARIMANA
et le nouveau Président hutu Cyprien NTARYAMIRA.
Je ne
peux pas le prouver. Il est cependant révélateur qu'un militaire américain est
arrivé à Kigali quelques heures avant l'attentat du 6 avril 1994 pour préparer
l'évacuation de personnel de l'ambassade et des ressortissants américains.
Il est
évident que depuis le mois d'octobre 1993 les Etats Unis favorisent la victoire
du FPR au détriment d'un partage de pouvoir négocié à Arusha. En conséquence,
ils ont laissé la main libre au tandem KAGAME‑MUSEVENI pour préparer la
disparition d'abord du Président hutu du Burundi Melchior NDADAYE et plus tard
de HABYARIMANA. Car les amis de KAGAME ont partagé son avis que HABYARIMANA et
le mouvement démocratique du Burundi représentaient un danger pour la conquête
militaire du pouvoir au Rwanda. Le « danger français » qui avait en février
1993 empêché la victoire déjà tangible était écarté à Arusha où le départ des
soldats français était fixé après l'arrivée de la MINUAR. Le « problème NDADAYE
» fut « réglé » le 21 octobre 1993 par son assassinat. Le réseau FPR a pu
contenir toute réaction internationale défavorable au FPR.
Il
restait à régler « le problème HABYARIMANA ». Après le départ définitif des
soldats français fin décembre 1993 le moment était venu pour passer à l'action.
Ce fut fait par le commando spécial du FPR4 avec l'accord tacite des
Etats Unis et probablement de la Belgique le 6 avril 1994. Je n'ai pas de
doute que le général DALLAIRE
travaillait dès son arrivée sur la scène rwandaise en faveur de la victoire du
FPR, mais il est également clair qu'il pensait que la victoire était compatible
avec le sauvetage des tutsi, ce qui n'était malheureusement pas dans la
stratégie de Paul KAGAME. Bien au contraire il a pu convaincre Washington
d'éviter le moindre risque et de réduire la MINUAR.
Tout
était prévu car déjà le 13 avril 1994 dans une lettre de son représentant à New
York adressée au Conseil de Sécurité ‑ le gouvernement intérimaire a
trouvé seulement la veille son domicile préliminaire près de Gitarama ‑
le FPR a constaté un « génocide accompli » (« a crime of genocide has been
committed »). Le FPR refusait tout effort pour l'établissement d'un cessz‑le‑feu
et a demandé de pouvoir régler le problème des massacres à sa façon. Déjà à ce
moment, le FPR a demandé un tribunal international pour juger les responsables
parce que les « perpetrators of these atrocities in Rwanda are known ». La
machine publicitaire préparée entre autres par les gens dont je viens d'évoquer
leur rôle dans cette entreprise de diversion, fut mise en marche et travaille
formidablement bien au TPIR à Arusha jusqu'à ce jour.
Résumé
Je veux
m'arrêter à ce point tout en sachant que le tableau n'est pas encore complet.
Je devrais par exemple évoquer un peu plus en détail les réseaux de soutien
canadien où Louise
(4) Voir
l'Ordonnance de Soit‑Communiqué du juge Bruguière du 17 november 2006.
ARBOUR a sa place et néerlandais
où il faudrait parler de Jan PRONK.
Comme
résumé je voudrais faire deux constatations :
a) Personne n'a pu prouver un
plan de génocide anti‑tutsi établi par la communauté hutu.
Les
massacres des tutsi par un million de fuyards hutu ont pu se réaliser dans un
vide
étatique
créé par le FPR et ses alliés.
b) Les
alliés occidentaux du FPR ont mis en scène un scénario pour cacher leur
responsabilité pour une politique agressive qui a causé des millions de morts
dans la Région des Grands Lacs Africains. Dans cet objectif beaucoup de boucs
émissaires hutu ont été inventés.
Je vous
remercie de votre attention et me tiens à votre disposition pour tout
éclaircissement demandé.