La logique et la raison me dictent de m’insurger contre les conclusions
simples voire fausses de Bernard Lugan
[
1 ] selon laquelle il peut y avoir un génocide sans sa préméditation et
préparation et celle de Serge Dupuis
[
2] qui affirme que le génocide des «tutsi de l’intérieur» aurait été
programmé par les extrémistes hutus après son déclenchement par le FPR
tutsi. Je pense que ces deux raisonnements sont illogiques et
fondamentalement faux. Dans le développement de cet article je vous propose
deux vérités, quatre preuves irréfutables et une conclusion logique.
La vérité 1: Le génocide des tutsi n’a pas été planifié par les hutu
Ndindiliyimana Augustin, ancien chef de la gendermerie rwandaise
Les deux spécialistes du Rwanda affirment avec raison et les preuves,
notamment les jugements du TPIR à l’appui, que les hutus n’ont ni prémédité
ni programmé le génocide des tutsi avant la date du 6 avril 1994, jour de
son déclenchement par le FPR qui a abattu l’avion qui transportait les
présidents hutus, J Habyarimana et Cyprien Ntaryamira. Mais ce que Dupuis
ignore est que devant le TPIR il a été démontré aussi que le gouvernement de
Kambanda d’après le 06 avril 1994 n’a non plus prémédité et planifié ce
génocide. Après
l’acquittement
de Justin Mugenzi… et celui d’
Augustin
Ndindiriyimana… le gouvernement intérimaire de Jean Kambanda et son
armée en sont sorti blanchi. Quant au procès de celui qui était présenté
comme « le cerveau du génocide des tutsi » il faut noter: «Le procès
« Militaires I » avait notamment débouché sur la condamnation en appel à 35
ans de prison du colonel Théoneste Bagosora… Mais elle (la chambre) avait
retenu sa responsabilité uniquement pour n’avoir pas prévenu les crimes
commis par des militaires et pour n’avoir pas puni les auteurs, non pour les
avoir ordonnés comme l’avaient fait les juges de première instance.» «Les
faits sont têtus».
Même ici, la vérité ne se consume jamais. Comment pouvait-il prévenir ce
qu’il n’avait pas planifié et punir les soldats qui n’étaient pas sous ses
ordres, car Théoneste Bagosora était en retraite des FAR au moment des
massacres et, seulement 3 mois après, à l’exil? Sa condamnation injuste à 35
ans de prison ferme est la manifestation la plus absolue de la raison du
plus fort et la justice des vainqueurs, USA !
La vérité 2: Le génocide des Tutsi fut bel et bien prémédité et
planifié par le FPR
Beaucoup de spécialistes du Rwanda affirment que le FPR et ses alliés
voulaient ce génocide et qu’ils ont tout fait pour l’avoir. Ainsi par
ex l’historien Strizek affirme sans détour que les américains et le FPR
l’ont voulu.
[
3] Quant à nos deux spécialistes du Rwanda Dupuis et Lugan, ils
expliquent avec force détail le but recherché et tout ce qui a été fait
pour avoir ce génocide. Ainsi par ex. affirme Serge Dupuis : « Bien au
contraire, entièrement tourné vers son objectif de conquête d’un pouvoir
sans partage, le FPR fit le choix de mener une politique de la tension.
(…) Une stratégie de violence et du chaosprésida aux actions accomplies hors
affrontement militaire: des attentats terroristes indiscriminés, en
particuliers dans des lieux publics, et des assassinats des personnalités
politiques et civiles furent perpétrés, avec pour fonction de déstabiliser
le régime, de le pousser à la faute contre les civils tutsi ou de fomenter
les troubles interethniques, dans l’un et l’autre cas à fin de de légitimer
l’intervention de la rébellion.
Helmut Strizek, Historien allemand
La progression des tropes du FPR elle-même s’accompagna d’exactions et de
massacres systématiques de populations civiles hutues visant en premier lieu
à généraliser, dans les zones conquises et au-delà, terreur et désordre. (…)
Après le 6 avril et la reprise des combats, alors que le combat fait rage,
Le FPR refusa toute solution politique négociée. Au point que certains ont
pu avancer, sans toutes fois le prouver de manière irréfutable, que l’un des
éléments des dirigeants du FPR consista à diaboliser le régime
Habyarimana en poussant les extrémistes hutus à se livrer à des actions
violentes à l’encontre des civiles tutsis.
Citons ici Collette Braeckman, journaliste belge que l’on ne peut assurément
pas ranger parmi les critiques acharnés de la rébellion et du pouvoir qui en
est issu : «J’en suis venue à penser que Kagamé et les siens, tacticiens
militaires avant tout, ne sont pas de ceux qui hésitent à sacrifier des
civils, y compris des Tutsis, si tel doit être le prix à payer pour arriver
à leurs fins»». Ne s’agit-il pas cela de la préméditation et la
planification de ce génocide ?
Collette Braeckman n’a pas à se fatiguer. Dr Theogene Rudasingwa, ex.
Secrétaire General du FPR vient de confirmer, en déclarant: «The Absolute
Power at any Price End-game of President Paul Kagamé and Rwandese Patriotic
Front »,
[
4] que cette stratégie de tension et de chaos de son front FPR ne visait
que l’extermination des tutsi qui avaient refusé de fuir le Rwanda dans les
années 59 – 63 comme une stratégie de conquête du pouvoir et de l’exercer en
monarque absolu pendant une durée indéterminée. Bien avant Rudasingwa, l’ex
Ministre des Relations extérieures du régime Kagamé, Mr JMV Ndagijimana
avait écrit un livre contenant les preuves accablantes: Kagamé a sacrifié
les Tutsi.
[
5]
Jean Marie Vianney Ndagijimana
Voici sa présentation
[
6] et un extrait «Le Général Paul Kagamé n’a pas arrêté le génocide
tutsi comme il l’a toujours prétendu. Bien au contraire, ce chef de guerre a
délibérément provoqué le génocide, puis il a cyniquement et systématiquement
rejeté toutes les initiatives des Forces armées rwandaises, des Nations
Unies et de certains pays occidentaux – dont la France – pour arrêter le
massacre des Tutsi. A plusieurs reprises, il a menacé de tirer sur les
troupes étrangères qui tenteraient d’intervenir pour stopper le génocide.
L’objectif de Kagamé n’a jamais été de protéger les Tutsi de l’intérieur,
mais de s’en servir comme prétexte pour accéder au pouvoir par la force. Il
est donc coresponsable du génocide tutsi au même titre que les autres
génocidaires et doit en répondre devant la Justice et devant l’Histoire.»
JMV Ndagijimana.
De plus grave, nous savons aujourd’hui que les hommes de Paul Kagamé ont
participé activement à l’extermination des tutsi grâce aux fugitifs de ce
mouvement, le FPR. Le parti politique tutsi RPRK qui soutient le retour du
mwami Kigeli V Ndahindurwa vient même de produire une liste nominative de
certains militaires infiltrés au sein des Interahamwe par Paul Kagamé pour
inciter, pousser, encourager et « chauffer » les jeunes hutus désœuvrés à
commettre ce crime abominable, le génocide.
La
liste en Kinyarwanda.
Des preuves irréfutables: préméditation et préparation du génocide des tutsi
dans le chef du FPR
La preuve 1: EMBARGO:
Rapport
de la commission internationale d’enquête sur les violations des droits de
l’homme au Rwanda depuis le 1er octobre 1990. Dans ce rapport du 8 mars
1993, le FPR via La Fédération Internationale des Droits de l’Homme de J
Carbonare, militant prouvé du FPR, accuse le président Juvénal Habyarimana
et la France « d’épuration ethnique, de génocide et de crimes contre
l’humanité » contre la race tutsie du Rwanda. Tout le monde sait
actuellement que ses accusations étaient fausses grâce aux travaux du TPIR.
Donc le FPR en invoquant, en faisant la publicité du génocide des tutsi une
année avant sa commission, c’est qu’il le souhaitait et qu’il le préparait.
Le FPR et ses parrains anglo-saxons voulaient, comme l’explique l’historien
allemand Strizek, à tout prix le mot « génocide des tutsi ». Celui-ci allait
les permettre de conquérir le pouvoir au Rwanda, en imposant l’embargo sur
les armes contre le régime hutu de Habyarimana, de garder ce pouvoir
indéfiniment en diabolisant les rescapés hutus de génocidaires et d’envahir
la RCD (Kongo) sous prétexte de poursuivre les génocidaires.
La preuve 2: Le Génocide fax
[
9] est l’autre preuve accablante qui montre que le génocide des tutsi de
l’intérieur du Rwanda était prémédité et planifié par FPR. En effet le 11
janvier 1994, soit trois mois avant le déclenchement de ce génocide, le
général Dallaire, commandant de la force de la paix au Rwanda envoya un fax
à l’ONU dans lequel il dévoila« un secret d’un plan d’extermination » de la
race tutsie du Rwanda qui venait d’être lui confié par un certain Aboubacar
JP Turatsinze. Alors que cet informateur affirmait qu’il était un
interahamwe travaillant pour le régime hutu de Habyarimana, devant le TPIR
il fut bien démontré qu’il était un inkotanyi, de mère tutsie et marié à une
tutsi travaillant pour le FPR. C’est aussi cela que vient d’affirmer le
supposé-intermédiaire entre JP Turatsinze et Dallaire, Mr Faustin
Twagiramungu,
[
10] l’ex 1er ministre du régime Kagamé.
La preuve 3: Révélations faites au général Dallaire. Le 2 avril 1994, soit 4
jours seulement avant le début du génocide d’avril-juillet 1994, le général
Paul Kagame a déclaré au général Roméo Dallaire, commandant de la force
militaire de la Mission des Nations Unies au Rwanda que «nous sommes à la
veille d’un cataclysme et une fois enclnché, aucun moyen ne permettrait de
le controler». Ce cataclysme n’est autre que le génocide des tutsi que Paul
Kagame a déclenché le 06 avril 1994 en abattant l’avion qui transportait
deux président hutu J. Habyarimana du Rwanda et C. Ntaryamira du Burundi. On
sait par après que FPR aidé par Washngton et Londres, via le témoignage de
Boutros Boutros Ghali, s’est opposé à l’arrêt de ce cataclysme et qu’il y
est pervenu.
La preuve 4: C’est le FPR qui a abattu le Falcon 50 Juvénal Habyarimana.
Si Kayumba Nyamwasa, Patrick Karegaya, Theogene Rudasingwa, Gahima Gerald,
JMV Micombero, Ruzibiza… l’affirment, personne d’autre n’aurait le droit de
le nier. Je note seulement de passage que depuis 1995 (E/CN.4/1996/7, of
28 June 1995) est affirmé, notamment par le rapporteur spécial de l’ONU René
Degni-Segui, que celui qui abattu l’avion présidentiel est celui même qui a
préparé le génocide des tutsi. Donc, c’est le FPR de Paul Kagamé qui a
préparé le génocide des tutsi, car c’est fort bien démontré que c’est lui
qui détruisit cet avion.
JMV Micombero, ex officier de l’APR et RDF.
Les rwandais connaissent depuis 1990 jusqu’aujourd’hui la stratégie du
FPR de Paul Kagamé: faire la publicité des crimes qu’il projette commettre
dans le futur tout en les imputant à son ennemi et l’auto- flagellation.
[
11]. Ce génie militaire et politicien habile a un joker qui gagne : Il
prépare le génocide et le publie bien avant son exécution en l’imputant sur
son adversaire. Il pense que la CPI étudie son dossier criminel, il
l’accuse, bien avant son inculpation, d’être raciste voire anti-africain. Il
voit que la justice française est prête pour l’accuser de terroriste pour
l’attentat sur l’avion de Juvénal Habyarimana, élément qui déclencha le
génocide des tutsi, il monte les enchères en accusant publiquement la France
d’avoir planifié et exécuté le génocide des tutsi au Rwanda. Et cela marche
très bien depuis à peu près ¼ de siècle.
Concluons en réfutant « de fausses conclusions de Lugan et Dupuis»: le
génocide planifié après son déclenchement ou génocide spontané.
Il me parait presque inutile de revenir sur la conclusion de Dupuis qui
pense que le gouvernement intérimaire de Kambanda aurait prémédité et
préparé ce génocide qui débuta 3 jours avant que ce gouvernement fût
institué, 9 avril, et qui se termina 21 jours après, le 30 avril 1994,
c.-à-d. au moment même où le gouvernement Kambanda entrait effectivement en
fonction. Un délai de relève surtout pour les nouveaux ministres doit ici
être pris en considération. V. Charles Onana, Les secrets de la justice
internationale, éd. DUBOIRIS 2005, PAGES 451 – 455. Son raisonnement devient
insupportable dès lors que tout le monde sait que seuls 4 des 21 ministres
du gouvernement Kambanda furent condamnés par le TPIR et ce non pas pour les
crimes commis réellementmais pour plaire au Gendarme du monde, les USA.
La conclusion de Lugan « si ce génocide n’était pas « programmé » (par les
hutu), c’est donc qu’il fut « spontané » me parait aussi fausse. Le fait que
ce génocide n’a pas été ni prémédité ni planifié par « les extrémistes
hutu » tel que jugé et affirmé par la seule instance habilitée, le TPIR,
c’est affirmer à contrario qu’il l’a été par l’autre partie en conflit, le
FPR. La faute grave souvent commise est celle de confondre le FPR
aux « Tutsi-collabo »qui avaient accepté de se soumettre au régime hutu
d’anciens esclaves des Tutsi. Ces deux films peuvent ouvrir les yeux de ceux
qui sont aveugles:
Un
Africain Holocauste - The Déluge Film et P
aul
Barril accuse Paul Kagame d’assassiner Habyarimana ! Il est donc plus
logique de s’accorder avec Jacques Hogard, militaire français qui a vécu le
génocide rwandais de l’intérieur
[
8] qui affirme que « Kagamé a provoqué le génocide de 1994.
Bernard Lugan
Il le souhaitait, car les massacres à grande ampleur des Tutsis de
l’intérieur, étaient pour lui le seul moyen d’échapper à la démocratie qui
ne lui aurait définitivement laissé qu’un second rôle, le seul moyen de
reprendre la lutte armée et de légitimer cette dernière, le seul moyen de
prendre le contrôle du Rwanda et d’asseoir son régime d’une main de fer pour
des décennies. » Je refuse donc le terme « spontané ». J’affirme qu’avant le
déclenchement de ce génocide par le FPR, il l’a d’abord prémédité et
minutieusement préparé. La préparation et/ou la planification n’est rien
d’autre que cette stratégie de tension et de chaos. Lisez le témoignage de
l’ex premier ministre du gouvernement intermaire (09 avril- 04 juillet 1994,
Jean Kambanda,
[12]) pour
savoir les motifs, la prémédditation et l’exécution avec sans froid de ce
génocide par le FPR de Paul Kagame.
Samuel Lyarahoze