Rwanda: on ne nous dit pas
tout.
Lorsque
j'ai visité le Rwanda à la demande de
Le traitement très efficace et courtois envers les passagers à l'arrivée, une
ville (de Kigali) sûre, propre et bien organisée ainsi que des fonctionnaires
brillantes et suaves.
Le Rwanda jouit d'une bonne réputation au niveau international et son président
Paul Kagame est régulièrement saluée par
Cependant, j'ai rapidement
commencé à me méfier lorsque chaque personne (en dehors des fonctionnaires) que
j'ai interviewées, diplomates, journalistes, professionnels, collectivités
locales et de responsables internationaux de la société civile, refusait de me
parler, sauf sous conditions d’anonymat.
Quand j'ai lu la constitution,
je n'ai trouvé aucune mention de groupes ethniques ou religieux, et suis même
tombé sur une législation interdisant les discussions sur l'ethnicité (pourtant
d’énormes affiches gouvernementales rappellent aux gens le génocide "contre les
Tutsis", alors que beaucoup de Hutus ont également été massacrés). Ceux qui
disent, même implicitement, que Kagame et son Front patriotique Rwandais (FPR)
ont tués les Hutus inutilement sont lourdement pénalisés, tout comme le sont
ceux qui osent remettre en question la version officielle du génocide. Tout cela
« colle » difficilement avec le plaidoyer de Kagame pour la réconciliation,
l'inclusion ou la confrontation avec le passé.
Les Exilés Hutus
Suite à la lecture de
nombreux rapports du Conseil de sécurité des Nations unies, du HCR ou des ONG
internationales, des mémoires de certains hommes politiques rwandais clés et du
commandant des forces de l'ONU Roméo Dallaire, ainsi que de la littérature
érudite, j'ai appris que, même si bien sûr les Tutsi, avait beaucoup souffert de
la main des Hutus, le FPR a également tué des milliers de Hutus, et conduit
certains à l'exil (et puis les a poursuivis dans leur pays d'exil). Les
nouveaux arrivants Tutsis se sont approprié les terres appartenant à des Hutus.
Et lorsqu’il l’a estimé utile et nécessaire, le FPR a permis le massacre des
Tutsis. Dallaire écrit que « tout ces morts peuvent également être imputés à
Kagame, le génie militaire qui n'a pas accéléré sa campagne (militaire) lorsque
l'ampleur du génocide devenait évidente et qui a même ouvertement parlé avec
moi, à plusieurs reprises, du prix que ses compatriotes tutsis pourraient avoir
à payer pour la cause ». C’est ce même Kagame qui a refusé la proposition de
cessez-le-feu du général Dallaire pour faire cesser le massacre, parce qu'elle
ne convenait pas au grand projet hégémoniste tutsi de Kagame.
Le président rwandais a aussi été cité comme critiquant les gens qui voient la
guerre en termes de droits de l'homme. Il a dit que certains conflits sont bons,
« une sorte de purification» qui «éclate afin de permettre une véritable
transformation (de la société)"..
Le régime de Kagame est basé
sur des structures de pouvoir qui fonctionnent parfois en parallèle, et qui
court-circuitent parfois, le gouvernement formel, et dans lequel l'armée joue un
rôle central. Les recettes de l’état rwandais (qui financent non seulement les
institutions publiques mais aussi les élites) dépendent énormément du pillage
des ressources minérales de
Mode d'extraction
Le régime de Kagame est le
principal responsable de l’instabilité politique et économique dans la région
des grands lacs (y compris le renversement du gouvernement congolais), qui leur
est bien utile à son mode d’extraction des richesses du Congo ainsi qu’au
maintien de sa suprématie régionale.
Le régime de Kagame a mis en place, un réseau régional complexe de transactions
économiques illégales, de fraude aux sanctions de l'ONU, d'armement de milices
et d’entreprises financières criminelles qui a considérablement appauvri la
région.
Tout cela sans compter le mépris et les violations continuelles de l’intégrité
territoriale des pays voisins et ainsi que de leurs systèmes fiscaux.
Le FPR a fait usage d’une violence extrême, tant au niveau national
qu’international.
Il a massacré plusieurs centaines de milliers de Hutus, de citoyens et autres,
et est responsable de la mort de plus encore à travers le déplacement, la
malnutrition et la faim. Il a refusé à des centaines de milliers d'enfants
l'opportunité de l'éducation, et privé à plusieurs millions de personne d’une
vie familiale et communautaire. Le FPR a enrôlé des enfants soldats.
L'ONU a documenté abondamment ces pratiques et a, à plusieurs reprises,
critiqué le Rwanda pour son comportement irresponsable en RDC.. Derrière la
gentillesse des dirigeants du FPR, la propreté de Kigali, et la lueur de ses
buildings à l’américaine, j'ai trouvé un pays profondément fragmentée, opérant
sous l'hégémonie d'une petite élite politique tutsi, qui dirige par l'oppression
et la peur.
Un régime de
communicants
J'ai découvert que ces dirigeants sont extraordinairement efficaces en relations
publiques, en particulier vis-à -vis de l'Occident, pour tirer le maximum du
sentiment de culpabilité de l'Occident pour n’avoir rien fait pour empêcher le
terrible génocide de 1994, visant en grande partie mais pas exclusivement les
Tutsis.
Traduit de l’anglais par
Arthur Ngenzi / SaveRwanda
Source
: The Standard of