Le monde a concédé le droit de vie et de mort à Kagame

Sous Kagame les Rwandais et Congolais n’ont plus droit à la vie. Dans les faits, la communauté internationale a concédé à Kagame le droit de vie et de mort sur pratiquement tout être humain sur terre car, jusqu’à présent, Kagame et ses agents n’ont jamais été inquiétés pour les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre qu’ils ont commis – et continuent de commettre – et ce malgré une documentation abondante sur ces crimes.

Résumé

La charte québécoise des droits et libertés de la personne affirme que :

1. Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu’à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté de sa personne.

2. Tout être humain dont la vie est en péril a droit au secours. Toute personne doit porter secours à celui dont la vie est en péril, personnellement ou en obtenant du secours, en lui apportant l’aide physique nécessaire et immédiate, à moins d’un risque pour elle ou pour les tiers ou d’un autre motif raisonnable.[1]

Dans les pages suivantes l’auteur expose que sous Kagame les Rwandais et Congolais n’ont plus droit à la vie. Dans les faits, la communauté internationale a concédé à Kagame le droit de vie et de mort sur pratiquement tout être humain sur terre car, jusqu’à présent, Kagame et ses agents n’ont jamais été inquiétés pour les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre qu’ils ont commis – et continuent de commettre – et ce  malgré une documentation abondante sur ces crimes.  

Par conséquent, Il faudrait d’abord restaurer le droit à la vie avant de parler d’élections libres et transparentes. En effet, il ne semble pas logique de demander aux esclaves de voter contre leur maître. 

 

Le monde a concédé le droit de vie et de mort à Kagame

Pour une coalition internationale pour le droit à la vie au Rwanda et au Congo

Comme d’autres observateurs dont Kenneth Roth, le patron de Human Right Watch qui a qualifié le pouvoir actuel au Rwanda de « puissance de l’horreur »[2], le Juge André Denis de la Cour supérieure du Québec a constaté que « quinze ans après le génocide,  les Rwandais ont peur »[3].  La question conséquente à ce constat est : POURQUOI LES RWANDAIS ONT PEUR?

Mais avant de répondre il serait avisé de présenter comment le commun des rwandais vit cette peur au quotidien.

Récemment, Kagame s’est moqué des paysans en disant  ne pas comprendre comment une personne adulte peut souffrir de kwashiorkor, une maladie normalement infantile, causée par la malnutrition. Cette famine a été également constatée par Madame Susan Thompson de l’Université d’Ottawa: « La plupart des visiteurs étrangers ne voient pas la pauvreté abjecte et la vie misérable des rwandais ordinaires au quotidien. Pour la plupart d’entre eux, tant hutu que tutsi, la vie depuis le génocide n’est pas aussi reluisante que les autorités de Kigali prétendent. À quelques exceptions près, les paysans rwandais sont maigres, leurs yeux manquent de lustre à cause de la famine continuelle, leurs visages et leurs mains usés les font paraître plus vieux que leur âge. Certains ont des cheveux pâles, un signe évident de malnutrition[4]  Malgré ce constat, plutôt que de mettre en place des programmes pour juguler cette famine, Kagame s’est vanté par la suite que sous sa gouverne le Rwanda a atteint l’autosuffisance alimentaire.[5]  

La famine est, entre autres, causées par des programmes insensés imposés par le régime Kagame. Par exemple, les rwandais n’ont plus le droit de cultiver les cultures de leur choix. Ils sont forcés de cultiver ce que le régime leur dicte et celui qui n’obéit pas aux directives du régime voit ses cultures détruites par les local defense units. Dans certaines régions, les paysans sont forcés de cultiver des fleurs commercialisées par les favoris du pouvoir, dont Madame Janet Kagame.  Les paysans sont forcés de vendre leurs maigres récoltes, à prix dérisoire, à des coopératives contrôlées par le pouvoir, lesquelles coopératives vendent les mêmes récoltes à des prix trois, quatre, cinq fois le prix payé au producteur. Les paysans affamés sont forcés de porter des chaussures et donc d’acheter des chaussures avant d’acheter à manger. Naturellement, le monopole de la commercialisation des chaussures à bas prix est détenu par les commerçants à la solde du pouvoir. Les paysans affamés sont forcés d’être des esclaves au service de la vache: Le régime impose au paysan de posséder au moins une vache qui doit obligatoirement être parquée dans une étable où elle est nourrie et abreuvée. Ainsi le paysan, en plus des corvées quotidiennes pour  sa propre survie, doit cultiver le fourrage, couper et porter le fourrage à la vache et puiser de l’eau pour abreuver la vache. Le comble est que, une fois proche de mettre bas et produire du lait,  la vache est enlevée au paysan pour être donnée aux favoris du régime. Tous ces faits démontrent que le régime Kagame affame délibérément le menu peuple.

Affamer le peuple est un crime contre l’humanité. 

Depuis la colonisation jusqu’à la prise du pouvoir par Kagame, le Rwanda avait un réseau de santé cité comme modèle en Afrique. Aujourd’hui, le menu peuple dans les villes mais surtout dans les campagnes n’a plus accès aux soins médicaux. Les ONGs œuvrant auprès de la population dans les campagnes ont été chassés par le pouvoir.  Madame Thompson écrit encore: ‘La plupart des rwandais à qui j’ai parlé se lamentaient de la dureté de la vie quotidienne depuis le génocide. Ils déploraient le manqué de nourriture, d’eau potable et de services médicaux proches et abordables.’

Par dessus de la famine et la privation de soins de santé imposées, les rwandais classés  hutus par le pouvoir n’ont pas le droit de pleurer leurs morts en public. Ils doivent souffrir en le silence et s’efforcer de sourire aux soldats de Kagame qui ont tué leurs proches. Celui qui ose dire que des rwandais réputés hutu ont été massacrés avant, pendant et après le génocide de 1994 est vite qualifié de négationniste ou de véhiculer l’idéologie génocidaire. Madame Victoire Ingabire Umuhoza, la courageuse candidate aux élections présidentielles de 2010 en fait les frais aujourd’hui pour avoir osé dire que le mémorial de Gisozi est dédié aux victimes réputés tutsis et que rien n’a encore été fait pour la mémoire de victimes réputées hutus. Depuis lors, la répression s’accroît contre l’opposition démocratique, Madame Victoire Ingabire est qualifiée d’ennemi à  emprisonner voire à abattre parce qu’elle a osé dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

L’esclavage a été  introduit sous forme de travaux d’intérêt général (TIG). Les tribunaux Gacaca condamnent les suspects du génocide, en réalité les insoumis réels ou potentiels, à des travaux d’intérêt général où les condamnés sont forcés de travailler gratuitement pour les notables du pouvoir. Comme les tribunaux Gacaca ne jugent que ceux classés hutu par le pouvoir, toute personne classée hutu peut être faite esclave des favoris du pouvoir.

Autres exemples d’exploitation du peuple par les barons du pouvoir : Au Rwanda il est aujourd’hui interdit de construire avec des briques adobes alors que toutes les organisations d’aide recommandent la brique adobe comme matériau peu coûteux, durable, et écologique pour la construction d’habitations à faible coût. La conséquence est que la plupart des gens ne peuvent plus posséder une maison et sont forcés d’être locataires de maisons construites par les barons du régime. Ceux qui peuvent encore se construire une maison sont forcés d’utiliser soit des blocs de ciment ou des briques cuites, la cimenterie et la briqueterie étant, naturellement, contrôlées par les favoris du régime. Récemment le quartier dit Kiyovu des pauvres dans la capitale a été rasé. Des prix dérisoires ont été payés aux propriétaires des terrains. Ces mêmes terrains ont été vendus plus de dix fois le prix payé à de riches développeurs.

Les proches des prisonniers n’ont pas le droit d’apporter des repas qu’ils ont eux-mêmes préparés aux prisonniers. Ces proches doivent acheter toute provision dans des commerces installés aux abords des prisons et gérés, au profit des barons du régime, par des commerçants qui ne peuvent faire autrement sous peine d’être traités eux-mêmes de génocidaires.

Dans un pays où le salaire du Président est de plus de 12000$ par mois, un pays qui compte plus de trente généraux gagnant plus de 10000$ par mois et où le salaire d’un enseignant à l’école primaire n’est que de 100$ par mois, les travailleurs sont forcés de verser 10% de leur salaire au parti-état FPR. C’est une condition incontournable pour continuer à travailler. Tout entrepreneur est obligé de donner gratuitement des parts dans son entreprise à des barons du régime. Autrement, impossible de faire des affaires au Rwanda.

Ceux et celles qui sont jugés pas assez serviles sont vite condamnés par les tribunaux GACACA à des peines d’emprisonnement sévères allant jusqu’à la prison à perpétuité. Cela équivaut à une condamnation à mort car, dans les prisons rwandaises baptisées « mouroirs »,  les prisonniers sont entassés dans des conditions absolument inhumaines qui rappellent  les camps de concentrations nazis[6]. Selon Amnesty International : «Les conditions de détention  dans la plupart des prisons et dans les centres de détention au Rwanda demeurent extrêmement dures et s'apparentent parfois à une forme de traitement cruel, inhumain ou dégradant. D'après les informations recueillies, certaines prisons et certains centres de détention disposent de cellules souterraines».[7]  Le régime de Kagame justifie sa dictature par le génocide qui est utilisé comme une arme de destruction massive pour éliminer les adversaires politiques, réels ou potentiels. M. Gil Courtemanche, chroniqueur au journal Le Devoir, a raison de dire que : « le génocide se poursuit autrement. Il justifie la dictature du président Kagame, permet l'emprisonnement de tout ce qui peut ressembler à une idée de démocratie».[8]

À la lumière de ce qui précède, les rwandais sous Kagame sont moins que des esclaves, moins que le bétail et même moins que les animaux sauvages qui,  aujourd’hui, sont protégés par des organismes internationaux. Au moins le maître prend minimalement soins de ses esclaves et de son bétail qui sont pour lui des outils de production. Comme les richesses de la mafia qui contrôle le pouvoir au Rwanda proviennent du pillage des richesses naturelles du Congo, des fonds d’aide versés par les pays occidentaux, des prêts accordés au Rwanda pour des projets fictifs tel que la fameuse découverte du pétrole au Rwanda, …, les barons du régime Kagame n’ont pas besoin de ces paysans pour s’enrichir. Vis-à-vis de Kagame et ses favoris, les paysans rwandais ne sont donc qu’une sorte de vermine à éradiquer par tous les moyens. 

On ne peut manquer de se demander pourquoi le pouvoir contrôlé par Kagame s’acharne tant contre le menu peuple, tant ceux réputés hutu que ceux réputés tutsi? Tout simplement parce ces paysans constituent la majorité des électeurs et donc détiennent la clé du pouvoir démocratique au Rwanda. Or, Kagame et ses proches savent que dans une élection libre  et transparente, ces rwandais ordinaires ne voteront jamais pour Kagame, non pas parce que Kagame est réputé tutsi, le peuple rwandais étant prêt à se soumettre à tout dictateur bienveillant, mais parce que depuis octobre 1990, Kagame et son armée ont commis et continuent de commettre des atrocités innommables sur la population rwandaise. Dans le discours prononcé à Bwisige le 31 Mars 2003 à la veille des élections de 2003, Kagame a dit : « Ceux qui disent qu'ils ont une récolte de sorgho et de maïs, moi je leur dis que nous avons des moulins, nous allons moudre ce maïs et ce sorgho » ; Il a ajouté que : « le résultat des élections prévues prochainement, je le sais à 100%, le résultat sera ce que j'aurai planifié moi-même et conforme à la seule volonté du gouvernement »[9].

Commencée en 1990, la politique de Kagame et ses proches d’exterminer les rwandais de l’intérieur, tant réputés hutu que réputés tutsi, continue aujourd’hui, beaucoup moins par la kalachnikov mais plus par la faim, par la privation de soins de santé et par l’arme de destruction massive que sont devenus les tribunaux populaires GACACA. Le moulin de Kagame est en marche jour et nuit, de manière quasi inexorable, à moudre la population rwandaise.

Malgré l’extrême gravité de ces mauvais traitements subis par la population, peu de gens osent lutter contre cette oppression innommable. Les Rwandais aussi bien que les occidentaux ont trop peur. Tout le monde est terrorisé.

Voyons maintenant pourquoi les rwandais ont peur.

Les Rwandais, toutes ethnies et régions confondues, ont peur parce que depuis octobre 1990, des tueurs professionnels dirigés par  Paul Kagame,  massacrent et déciment des populations entières en toute  impunité. Voici quelques faits :

En 2001, Alphonse Furuma, un ancien cadre du FPR écrivait à Paul Kagame : « Depuis le début des négociations des Accords de Paix d’Arusha, jusque fin 1996, vous (Kagame, ndlr) avez institué une politique délibérée d’extermination, par tous les moyens, de la population hutue des régions de l’Umutara, Kibungo et Bugesera ».  Dans un rapport du HCR, datée d’avril 1994 et rapportant des massacres par les soldats de Kagame dans la région de Kibungo il est dit : ‘D‘après les villageois, le FPR ne fait pas de distinction entre hutus et tutsis’. Ainsi, contrairement à l’opinion, les troupes de Kagame tuaient indistinctement hutus et tutsis. Allison Desforges de Human Right Watch (HRW) rapporte que Kagame avait infiltré des milliers de ses hommes de Kagame sur tout le territoire rwandais dont 4000 dans la seule ville de Kigali.  Il est aujourd’hui connu que ces infiltrés avaient, entre autres, mission de faire tout pour que le génocide de ceux réputés tutsi de l’intérieur ait lieu[10].

Le 22 avril 1995, les troupes de Kagame ont massacré plus de 4000 réfugiés dans le camp de Kibeho sous les yeux des forces de l’ONU. [11]

 

Le 11 décembre 1997, dans le camp de Mudende (Nord du Rwanda), des   réfugiés réputés  tutsis ont été massacrés par les forces de Kagame. Le crime fut faussement imputé aux extrémistes hutus pour détourner l’attention du massacre de plus de 8000 personnes dans les grottes de Kanama.

Des rapports de l’ONU estiment à plus de  300.000 réfugiés rwandais massacrés par les soldats de Kagame dans les forêts du Congo.  Ndamukunda Claire, petite sœur de l’auteur,  et ses quatre enfants sont parmi les victimes. Le mari de Claire et leur fils aîné qui avaient échappé à ce massacre et qui étaient rentrés au Rwanda ont été également tués par les soldats de Kagame en juillet 1997.  Le 3 mars 1997, les soldats de Kagame ont sauvagement tué plus de 1000 jeunes gens dans les secteurs aux alentours de la ville de Ruhengeri. Deux frères et 4 cousins de l’auteur qui participaient aux funérailles de la mère de l’auteur furent tués ce jour-là.

Conforté par l’impunité de ses crimes au Rwanda, Kagame a semé  - et sème toujours -  la mort et la désolation au Congo. Lors de son récent voyage en Afrique, la secrétaire d’État Hillary Clinton a parlé de plus cinq millions de  morts au Congo.

Malgré tous ces crimes bien documentés, Kagame sillonne le monde et est régulièrement honorés de prix dont celui de la paix. Dans les faits donc, la communauté internationale a concédé à Kagame le droit de vie et de mort sur tout Rwandais et tout congolais. Ceci rappelle les temps où le citoyen romain avait droit de vie et de mort sur sa femme, ses enfants, ses esclaves et son bétail… Nous rwandais avons donc peur parce que sous le régime Kagame, NOUS N’AVONS PLUS DROIT À LA VIE. Il va sans dire que, privés du droit à la vie, les rwandais  sont également privés du droit à la propriété privée, de la liberté d’expression, de la liberté d’association…

Mais au fait, pour quelle raison la communauté internationale a concédé à Kagame le droit de vie et de mort sur tout rwandais, voire tout étranger, car tous les crimes commis sur ordre de Kagame, même ceux contre des citoyens américains, canadiens, espagnols, belges et français, restent impunis à ce jour? Tout simplement, parce que les tueries au Rwanda en 1994 ont été présentées au public occidental, de façon partielle et partiale, comme ‘le génocide des tutsis commis par des hutus’. Du coup, Kagame, de génocidaire qu’il est en réalité a été tourné en victime et héros pour supposément avoir arrêté ce génocide. Et pourtant, le Général Emmanuel Habyarimana, Ex-Ministre de la défense de Kagame et Déo Mushyayidi, réputé tutsi et figure de proue de l’opposition, sont arrivés à la conclusion que ‘Museveni en sa qualité de Président de l'Ouganda et Kagame en tant que Commandant en chef des forces du FPR doivent répondre de la planification et de l’exécution du génocide rwandais dont ils constituent les principaux cerveaux.’[12] En cela ils confirment la thèse de l’auteur que  ‘Kagame est le cerveau du génocide des tutsis de l’intérieur’[13].

En résumé, les faits  non exhaustifs relevés tout au long de cette réflexion, prouvent à suffisance que rwandais et congolais sont aujourd’hui privés des droits fondamentaux de la personne, dont le plus fondamental est évidemment LE DROIT À LA VIE. Face à cette situation toutes les femmes et tous les hommes de bien dans le monde n’ont d’autres choix que d’unir leurs forces et de lutter jour après jour jusqu’à ce que le  moulin de Kagame  cesse de  moudre rwandais et congolais. En effet, quelles qu’en soient les causes, cette situation où des êtres humains n’ont pas droit à la vieoù  certains citoyens, Kagame en tête, ont le droit de vie et de mort sur d’autres citoyens, est inadmissible, inacceptable de part les standards du 21ème siècle en matière de droits de la personne. Pour cette raison,  je lance l’appel pour une  Coalition Internationale pour le droit à la vie au Rwanda.

Guillaume Murere
Gatineau, Québec, Canada
Mars, 2010