Il est de plus en plus évident
que c’est l’actuel chef de l’Etat du Rwanda, le général Paul Kagame, qui
a tiré le missile sur le falcon 50 de son ennemi juré, son prédécesseur le général
Juvénal Habyarimana. Cet acte de terrorisme inqualifiable est sans aucun doute
à l’origine du génocide qui a eu raison de la vie de 700.000 à 1.000.000 de
Rwandais tutsi et hutu confondus.
Sous la direction du journaliste camerounais d’investigation, Charles Onana,
vient de sortir aux éditions Duboiris, à Paris, un ouvrage rédigé par un
groupe d’experts internationaux et intitulé « Silence sur un attentat : le
scandale du génocide rwandais ». Pour faire comprendre comment Paul Kagame a
commis ce lâche et ignoble assassinat sur les personnes des présidents
rwandais et burundais à bord de ce falcon 50, nous reproduisons le texte de
Wayne Madsen, journaliste américain d’investigation, auditionné par le juge
français Bruguiére. Son texte qui est susceptible d’ébranler certaines âmes
sensibles s’intitule « Comment l’attentat du 6 avril 1994 a déstabilisé
le Rwanda et toute la région des Grands Lacs ».
Deux requêtes déposées à Arusha par deux équipes differentes d’avocats de
la défense pour que l’auteur de cette enquête puisse témoigner en qualité
d’expert et de témoin des faits auprés du TPIR, ont été rejetées à la
onzième heure par des procureurs et des juges anxieux, et en butte à une
intense pression de la part de Paul Kagame et de ses parrains à Washington. Les
témoignages étaient centrés sur le rôle du FPR dans l’attentat contre
l’avion de Habyarimana – un acte clair de terrorisme international mais qui
portait fortement l’empreinte des Etats-Unis. Aprés un examen détailléla
conclusion fut que Kagame était en fait responsable des attaques et qu’il a
cherché à optimiser,à son propre avantage, les effets du carnage qui en a résulté.
Ajoutons que le ministre des Transports André Ntaguerura, accusé de génocide,
en faveur de qui l’auteur de cet article devait témoigner, a récemment
innocenté àl’unanimité par les juges du TPIR.
Au terme de six années d’enquête sur l’attentat du 6 avril 1994 contre
l’avion qui transportait les présidents rwandais, Juvènal Habyarimana et son
homologue burundais Cyprien Ntaryamira, j’ai conclu que des intêréts se
cachaient derrière cet attentat aérien. Aprés d’innombrables heures passées
à analyser des documents officiels qui m’ont été fournis en vertu du US
Freedom of Information Act, aprés plusieurs entrevues personnelles avec des
responsables gouvernementaux et non gouvernementaux, allant de l’ex-secrétaire
général de l’ONU Boutros Boutros-Ghali, aux enquêteurs de l’ONU qui ont
mené; des investigations sur l’attaque aérienne au Rwanda et qui ont abouti
aux mêmes conclusions que moi, je suis convaincu que le Front patriotique
rwandais (FPR) dirigé par Paul Kagame est responsable de l’attentat contre
l’avion présidentiel, et que cet acte de terrorisme international flagrant a
directement conduit à l’implosion du pays. Je suis persuadé que
l’hypothése de la responsabilité du FPR/APR est la plus plausible. Je ne
crois pas que les Etats-Unis soient directement responsables de l’attaque ; néanmoins,
l’appui politique et militaire écrasant offert au FPR et à Kagame dès 1990
et la livraison par les Etats-Unis, via l’Ouganda, d’armes sophistiquées,
ainsi qu’une formation pour leur utilisation par les Etats-Unis au FPR avant
le 6 avril 1994, donnent à penser que certains membres des services de
renseignement militaire américains ont joué un rôle direct en aidant et en prêtant
assistance au FPR dans la planification de l’attentat terroriste contre le
falcon 50 rwandais le 6 avril 1994.
L’attaque a été ourdie par le FPR sous la direction de Paul Kagame, avec
l’appui du gouvernement de l’Ouganda. Le FPR avait des précédents dans
l’utilisation de missiles sol-air (SAM) pour attaquer des avions rwandais et
zairois. Utilisant des SAM préalablement obtenus de l’Ouganda, le FPR a
attaqué une avion de reconnaissance rwandais à Matimba le 3 octobre 1990, un hèlicoptére
gazelle rwandaisà Nyakayaga le 23 octobre 1990, et un hélicoptére rwandais à
Cyèru en fèvrier 1993. Lors des deux premières attaques, des SAM-16 de
fabrication soviétique ont été utilisés (c’est le même type de missile
qui a été utilisé; plus tard pour abattre l’avion présidentiel rwandais).
En outre, le 10 septembre 1991, un avion de passagers zairois Scibe-Zaire Fokker
27 volant entre Kigali et Bèni, au Zaire, a été attaqué prés de Kabale, en
Ouganda, au point de rencontre des frontiéres rwandaise, zairoise et
ougandaise. Un des 13 passagers à bord a été grièvement blessé. En dépit
du fait que l’Ouganda ait admis plus tard que ses forces de sécurité avaient
tiré et touché; l’avion, on soupçonnait également une implication du FPR
dans cette attaque. A l’époque, les unités de l’Armée nationale de résistance
de l’Ouganda (NRA) ne pouvaient pratiquement pas être distinguées de celles
du FPR. Le 25 avril 1994, les Forces armées rwandaises (FAR) ont récupéréles
lance-missiles SAM-16 dans la ferme Masaka, pré;s de l’Aéroport
international Kayibanda, à Kanombe.
L’ancien ministre de la Coopération française, Bernard Debréa déclaré que
les SAM utilisés pour abattre l’avion présidentiel ont été fournis par les
Etats-Unis par l’entremise de l’Ouganda. Intervenant à la radio française,
Mr Debré; a affirmé : « Il y avait deux SAM-16, qui sont une version modifiée
du missile SAM-7. Nous avons mis ensemble les numéros d’enregistrement sur
les queues. Il manquait un seul numéro ».
Les renseignements militaires français ont photographié les lance-missiles
plus tard et ont connecté leur numéro de référence (9M322) avec la
nomenclature 9L38 de la série (SAM-16) Igla soviétique. Les Français
ont soutenu que cette série se trouvait dans les stocks militaires ougandais.
En outre, le général Jean Heinrich, de la DRM (renseignement militaire français)
a affirmé qu’il existait des preuves que le FPR avait acquis des SAM-16. Peu
aprés que les SAM-16 ont été tirés contre l’avion présidentiel, l’opérateur
de signaux espions à Gisenyi a entendu la fréquence du FPR crépiter
et rapporter : la cible a été atteinte ». Le lendemain, le capitaine Apèdo,
un membre togolais de l’èquipe de la MINUAR à Kigali, a rapporté qu’un
major des FGR (Forces du gouvernement rwandais) a indiqué avoir détecté une
communication du FPR stipulant : « la cible est touchée ».
Marcel Gérin, un opérateur belge posté dans un ranch de tourisme à Mpanga,
à moins d’une trentaine de km de Kigali, a racontéé qu’il parlait à la
radio avec son ami allemand à Kigali autour de 20h30 dans la soirée
du 6 avril. Au même moment, l’avion était attaqué et M. Gérin a déclaré
que son ami et lui ont entendu quatre explosions. Gérin les a
entendues à la radio et l’Allemand directement. Plus tard dans la soiré;e, Gérin
a entendu plusieurs messges concernant l’attaque contre l’avion. L’un
d’eux émanait d’une compagnie belge de sécurité à Kigali appelée
Unité Cobra. Un message émis par le chef de l’unité disait : « Nous avons
tué; le Grand ». Par contre, Gérin a déclaré que les messages de l’ONU et
des Forces armées rwandaises (FAR) qui ont suivi l’ONU et des FAR qui ont
suivi l’attaque indiquaient que leurs forces étaient en complet désarroi.
Le systéme SIGINT est à la pointe du renseignement. Comme il retransmet des
interceptions brutes de communications et d’autres transmissions, il ne ment
pas. L’absence de circulation de messges entre les FAR met en doute
l’existence d’un plan organisé; de la part des FAR pour riposter contre
l’attentat aérien en coordonnant des attaques contre le FPR puis en lançant
un génocide planifié; contre les Tutsi et les Hutu modérés.
Autre source le COMINT, les signaux de l’unité française de
renseignements envoyés à Kigali depuis la base militaire
française de Bangui, République centrafricaine.
D’après le juge français Thierry Jean-Pierre, des copies
des interceptions françaises des communications du FPR indiquent, sans
l’ombre d’un doute, la culpabilité du FPR dans l’attaque contre
l’avion. L’ex-ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, et l’ancien ministre de
la Défense, François Léotard, ont
témoigné devant la Commission Quilès que des
membres du FPR avaient reçu une information
spécialisée dans l’utilisation des missiles près
de Phoenix, en Arizona. Selon le Bureau des affaires publiques de la base de la
Force de l’air à Luke, près de Phoenix, le Barry M.
Goldwater Air Force Range – qui est un centre d’activité de la
Base de la Force de l’air de Luke -, est souvent utilisé par les
forces des opérations spéciales de l’armée
américaine pour des exercices de tir et pour
l’entraînement. Le centre de renseignement militaire
américain à Fort Huachuca, en Arizona, aurait apparemment
coordonné cet entraînement, qui inclut des forces étrangères. Comme il l’a lui-même admis, le
Département américain de la Défense a
dispensé un entraînement militaire officiel au FPR depuis
janvier 1994, soit trois mois avant qu’ils lancent leur invasion du Rwanda à partir de l’Ouganda. Dans un document publié par la
Direction de la gestion de l’information à Fort Benning en Georgie,
en réponse à une requête datée du 29
avril 1997, formulée en vertu du Freedom of Information Act,
l’armée américaine a présenté la liste
des membres de l’armée ougandaise et rwandaise qu’elle a
formés entre 1979 et 1997. Fort Benning ne représente
qu’une des écoles de formation des militaires étrangers
par les forces militaires américains. Aux dires du colonel Roy
Trumble, qui était auparavant à Fort Benning, le type
d’entraînement qui y est dispensé est semblable à celui offert tant à l’Ecole de renseignement de Fort
Huachuca en Arizona, qu’à Fort Leavenworth au Kansas. Cette
dernière est d’ailleurs celle où Paul Kagame a également reçu un entraînement militaire en 1990.
Or, en 1990, au moment où Kagame bénéficiaire de
cette formation, le FPR lançait sa premier offensive contre le Rwanda.
L’ex-ministre français de la Défense, François
Léotard, a également déclaré devant la
Commission Quilèsz lque Mobutu, du Zaпre, aurait
dû être à bord de l’avion rwandais qu’un
triste sort attendait. Or, à la dernière minute, il s’est
ravisé quand à sa participation à la
réunion de Dar es-Salaam. Des sources confidentielles, à Washington représentant tant les intérêts hutu que
tutsi – deux camps jamais d’accord – m’ont
révélé en avril 1998 qu’il y a eu d’autres
annulations de dernière minute pour aller à Dar es-Salaam
outre celle de Mobutu. Des sources de l’opposition ougandaise, proches des
Hutu, prétendent que le président Moi, du Kenya, devait
aussi assister au sommet du 6 avril. Cependant, le
major-général Imran Kombe, directeur des servies de
renseignement, a été informé d’une possible
tentative d’assassinat contre trois des dirigeants qui allaient prendre part à
la conférence. Il s’agissait des présidents
Habyarimana , Moi et Mobutu. Il semble que Kombe aurait été
informé concernant Moi, qui a ensuite averti Mobutu. En
conséquence, les deux dirigeants ont annulé leurs projets de
se rendre à Dar es-Salaam. Le président Moi a
envoyé son vice-président à sa place. Ce qui
laissera Habyarimana comme unique cible, bien que Mobutu l’ait averti du
complot lors de la visite du dirigeant rwandais dans la
propriété de Mobutu à Gbadolite la veille de son
départ. Selon une source officielle du FPR, il y aurait eu un
changement de plans de dernière minute du chef de l’état
major tutsi de l’armée du Burundi, le colonel Jean Bikomagu,
après que le sommet a pris fin. Peu avant de monter à bord
de l’avion, un officiel tutsi présent à Dar es-Salaam a
averti Bikomagu de ne pas voyager dans l’avion avec son président.
Il a sagement décidé de suivre le conseil. Il est
intéressant de noter que Bikomagu allait être
impliqué plus tard dans un coup d’état virtuel contre le
gouvernement hutu burundais démocratiquement élu. Les
accusations impliquant Museveni de l’Ouganda dans le double assassinat ont été appuyées par l’ex-ministre de la
Coopération française Bernard Debré. Il affirme
que la vraie raison du voyage de Ntaryamira à Kigali, avec
Habyarimana, était que le dirigeant ougandais avait persuadé
les deux présidents de se rendre à Kampala le lendemain pour
faire avancer le processus de paix. Après avoir envoyé son
avion personnel à Bujumbura, le président burundais allait
faire le voyage avec Habyarimana. Comme Museveni a retenu Ntaryamira pour des
entretiens, l’avion présidentiel rwandais a pris son envol bien plus
tard que ce qui était initialement prévu – la nuit qui
tombait sur Kigali était alors de bien mauvais augure. Entre temps, la
piste d’atterrissage des avions arrivant à l’aéroport de
Kigali a été modifiée, à la demande du
FPR. Au lieu d’atterrir à l’ouest, comme à l’accoutumée, le FPR a demandé
à tous les avions
d’atterrir à l’est.
Cette décision impliquait que l’avion présidentiel vole
au-dessus des zones qu’on soupçonnait être
infiltrées par des éléments militaires du FPR. Le
professeur Debré a également
révélé que des interceptions
téléphoniques indiquaient que le FPR avait ordonné
des mouvements de troupes dans la matinée du 6 avril, sans doute dans
la perspective de l’attaque contre l’avion.
En 1998, le juge français Jean-Louis Bruguière a ouvert une
enquête relative à l’attentat contre l’avion.
Après avoir interrogé des témoins en Suisse, au
Rwanda, en Tanzanie, à Paris, et en Russie, Bruguière aurait
apparemment recueilli assez de preuves pour lancer un mandat d’arrêt
international contre le président Kagame. Un ancien juge
français, Thierry Jean-Pierre, actuellement député
au Parlement européen, dans une enquête privée et
tout à fait séparée, est arrivé à la même conclusion, à savoir que Kagame
était derrière l’attentat.
L’affirmation que le FPR est responsable de l’attaque aérienne est
appuyée par trois ex-officiers du renseignement du FPR qui ont
révélé les détails de
l’opération aux enquêteurs de l’ONU. Les trois
informateurs ont été classés dans la
catégorie 2 des témoins sur une échelle de 4
points dans laquelle 1 est « hautement crédible », et 2 est « vrai
mais non vérifié ». Les informateurs du FPR ont
déclaré que l’avion a été abattu par
une équipe d’élite du FPR composée de 10
membres, avec « l’assistance d’un gouvernement étranger ».
Certains membres de l’équipe seraient aujourd’hui apparemment
décédés.
Un rapport confidentiel de l’ONU relatif à l’attentat contre
l’avion a été remis au procureur du Tribunal de l’ONU
pour les crimes de guerre, Louis Arbour, originaire du Canada, mais n’a jamais
été rendu public. En effet, Madame Arbour a mis fin à l’enquête lorsque certains détails ont
clairement démontré l’implication du FPR dans
l’assassinat contre le président Habyarimana.
Aujourd’hui, l’ONU nie l’existence d’un tel rapport. Michaлl
Hourigan, un avocat australien qui a d’abord travaillé comme
enquêteur pour le compte du Tribunal international pour les crimes de
guerre puis pour le Bureau de vérification interne de l’ONU, a
confirmé que les enquêteurs de la première équipe sur les crimes de guerre avaient dévoilé
les preuves de l’implication du FPR dans l’attaque, mais que leurs efforts
ont été tués dans l’њuf par un haut
fonctionnaire de l’ONU. Une fois que l’équipe de renseignement du
FPR a révélé les détails de l’attaque,
ceux-ci ont été appuyés par un autre ex-officier
du renseignement du FPR nommé Jean Pierre Mugabe. Dans une
déclaration séparée, Mugabe a affirmé
que l’attentat a été directement commanditée par
Kagame et par le commandant en chef adjoint du FPR, James Kabarebe. Aux dires de
Mugabe, le FPR a largement fait campagne en faveur du Sommet régional
de paix à Dar es-Salaam d’où revenait Habyarimana
lorsqu’il a été assassiné. Mugabe a
déclaré que l’idée consistait à regrouper dans l’avion tout le leadership hutu et de l’éliminer
facilement dans l’attaque. Puis un autre dissident du FPR, Christophe
Hakizabera, dans une déclaration devant la commission
d’enquête de l’ONU, souligne que la « puissance étrangère » qui a aidé le FPR
à abattre
l’avion était en fait, l’Ouganda. D’après Hakizabera,
la première et la deuxième réunion qui ont servi à planifier l’attentat ont eu lieu en Ouganda, respectivement, dans
les localités de Kabale et Mbarara. Une troisième rencontre, à laquelle Kagame
était présent, s’est
déroulée en mars 1994 à Bobo-Dioulasso, au Burkina
Faso. Comme elle l’avait fait avec les trois autres déserteurs du
FPR, l’ONU n’a entrepris aucune action à l’issue de cette
plainte. Il semble, et ceci est appuyé par des conversations
privées que j’ai eues avec d’anciens responsables de l’ONU,
qu’une tierce partie tire les ficelles dans l’enquête de
l’organisation mondiale sur les violations des droits de l’homme en Afrique.
D’anciens télégrammes classés secrets du
Département d’Etat américain, que j’ai reçus à ma demande en vertu du Freedom of Information Act,
révèlent que l’ancien establishment chargé de la
politique étrangère était divisé sur
l’attentat du 6 avril. L’ambassade des Etats-Unis au Burundi a
gardé un esprit étonnamment ouvert sur ces
théories concernant l’attaque par missile et privilégiant
la responsabilité au FPR. Il y a aussi la question du sort de la
boîte noire du falcon 50. Si l’on en croit les officiels que j’ai
interrogés et qui ont participé aux vols de reconnaissance
de l’ONU dans la région, la boîte noire a été secrètement transportée au
siège de l’ONU à New York, où elle se trouve
jusqu’à présent. Officiellement, le gouvernement rwandais
prétend que la boîte noire a disparu.
Selon les enquêteurs onusiens, la boîte noire a été subtilisée par des responsables de l’ONU, de
Kigali, direction New York via Nairobi. En outre, des responsables du
gouvernement américain étaient au courant de cet envoi.
D’après des sources proches de l’ONU, les données de la
boîte noire en ont été effacées par
l’ONU, qui a subi une pression du gouvernement des Etats-Unis. Les
enquêteurs ont aussi révélé que, la nuit
de l’attaque, les forces du FPR contrôlaient trois accès
majeurs à l’aéroport Kayibanda, et que des mercenaires
européens, à la solde du FPR et des renseignements
américains, ont planifié et lancé l’attaque au
missile contre le falcon 50.
Si l’on en croit les enquêteurs, la recherche des assassins a
finalement conduit à un entrepôt à Kanombe, à proximité de l’aéroport. C’est dans ce
hangar que les lance-missiles furent assemblés et
préparés par les mercenaires. Au moment où la
mission d’enquête de l’ONU approchait de sa conclusion finale et
s’apprêtait à livrer les preuves indiquant que
l’entrepôt a été loué par une
société suisse, apparemment liée aux services de
renseignement américains, son mandat a été
brutalement interrompu.
Il a été soutenu que l’attaque contre l’avion n’avait
aucun rapport avec les meurtres qui s’en suivirent au Rwanda et que
l’enquête au sujet de l’attaque ne s’inscrivait pas dans le
mandat de la mission d’enquête de l’ONU. L’ancien commandant des
enquêteurs de l’ONU, l’agent spécial de lutte contre le
terrorisme James Lyons, retraité du FBI, a déclaré
devant un comité du Congrès qu’il estimait que
l’enquête sur l’attaque à la roquette relevait du mandat
du TPIR. Le 6 avril 2001, il a affirmé : « C’est
l’étincelle qui a mis le feu aux poudres dans tout le Rwanda, et qui
a fini par emporter la vie de 700.000 à un million d’hommes, de
femmes et d’enfants.
Le Conseil de sécurité a certes exprimé son
horreur face à cet attentat terroriste et a recommandé de
recueillir toutes les informations concernant cet incident. L’article 4 du
statut du TPIR inclut d’une manière spécifique les actes
de terrorisme dans sa liste de délits. A mon avis, il y avait bien
plus qu’une ample justification pour considérer l’attentat au
missile comme un crime international relevant parfaitement de sa juridiction. Mr
Lyons a également déclaré : «
L’équipe nationale a obtenu une information en 1996 stipulant
qu’un soldat de la Mission de l’ONU d’assistance au Rwanda (MINUAR) avait
entendu un message radio sur un réseau du FPR peu après la
chute de l’avion affirmant que la cible avait été
atteinte.
En outre, une autre information signale qu’un soldat des FAR aurait entendu un
message identique ou similaire. La preuve que Kagame et le FPR étaient
impliqués dans l’attentat du 6 avril 1996 est si écrasante
que les autres scénarios peuvent être entièrement écartés ». Actuellement, le juge français
Jean-Louis Bruguière enquête sur l’implication du
président rwandais Paul Kagame dans l’acte terroriste qu’est
l’attentat aérien de 1994 à Kigali. La récente
tentative de Kagame de poursuivre en justice le journaliste Charles Onana pour
diffamation dans son ouvrage consacré aux événements de 1994 (1), s’est soldée par un
échec devant la justice française.
(1) Cf Onana Charles, Les secrets du génocide rwandais, Paris,
Editions Duboiris, 2002, 192 pages.
Retour au Sommaire
© Copyright Afrique Education