Luc De TEMMERMAN

Advocatenkantoor  - Cabinet d’ Avocats


 

21/07/2007

 

 


 

LETTRE OUVERTE à Karel DE GUCHT,

 

Ministre des Affaires Etrangères du

 

Royaume de la Belgique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Monsieur le Ministre,

 

 

Concerne: FDLR / ETAT BELGE-INITIATIVES DE PAIX

 

 

J’ai observé avec satisfaction que vous vous êtes rendus à Kigali et Kinshasa la semaine dernière pour aider à trouver une solution pacifique aux problèmes graves qui se posent dans l’Est de la République Démocratique du Congo depuis plusieurs mois, voir quelques années, comme je l’ai d’ailleurs pu constater personnellement au mois de mars et avril 2007 dans le cadre de mes activités professionnelles.

 

N’ayant pas participé à vos entretiens, je me permets néanmoins de vous faire quelques suggestions, qui peuvent aider à résoudre rapidement la crise. Des dizaines de milliers de familles sont concernées.

 

Il ne rentre nullement dans mes intentions de « faire de la politique » mais mes présences sur le terrain et l’expérience d’un procès d’Assises à Bruxelles en tant qu’avocat de Bernard NTUYAHAGA m’obligent à prendre mes responsabilité s, d’autant plus que le transfert vers la Belgique de feu le colonel Laurent NUBAHA, malheureusement décédé avant son témoignage devant la Cour , est la preuve de la bonne volonté du FDLR de collaborer à la manifestation de la vérité et donc à une solution pacifique.

 

Les conditions pour une solution politique et pacifique du retour des réfugiés au Rwanda sont  très simples.

 

  1. Le Rwanda doit accepter les règles appliquées dans une démocratie moderne, avec des élections libres et transparentes et une justice indépendante.
  2. Le Président Rwandais, P. KAGAME, suspecté par la justice française d’avoir organisé et exécuté l’attentat sur l’avion présidentiel de Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994 à 20h 22 à Kigali doit comparaître devant un tribunal Pénal International dans les plus brefs délais.
  3. La République Démocratique du Congo, en tant qu’état souverain, et ayant fait preuve récemment d’être un état démocratique à part entière, a le droit de contrôler les mouvements militaires et autres forces étrangères sur son territoire,  et de protéger la population et les ressources naturelles.
  4. Le FDLR, en tant qu’organisation de représentation « de facto » des réfugiés rwandais en R. D. du Congo, pour la grande partie des hutu, doit être associé à un retour pacifique au Rwanda de ces personnes dans des conditions humaines et dignes, et ceci dans un délai raisonnable.

 

Pour ce faire il y a lieu, en collaboration éventuelle avec la MONUC , de faire un inventaire transparent de la situation actuelle sur le terrain, de donner des garanties sérieuses à ces réfugiés par une représentation correcte dans les négociations entre le Rwanda et la R.D. du Congo, cautionnées par les autorités des 2 pays respectifs, que vous venez de rencontrer, ainsi que par la communauté internationale.

 

Il ne faut plus réitérer les erreurs commises lors des négociations dites « Accords de Paix d’Arusha ». Le FPR/APR n’était pas un partenaire fiable avec toutes les conséquences que nous avons connues.

 

Ayant des bonnes relations professionnelles avec le FDLR, dont les dirigeants ne sont nullement des criminels, comme présentés par le Gouvernement Rwandais pour des motifs purement belliqueux, je suis à votre disposition pour faciliter les négociations,  C’est néanmoins à vous de diriger les débats.

 

Ayant également prouvé pendant 3 mois de pouvoir mener des discussions civilisées sans haine, mais sans crainte, devant une Cour d’assises avec des « opposants » farouches de tout bord, y compris l’Etat Rwandais, sur un dossier juridique, qui en réalité était un dossier politique, il ne doit pas être très difficile de trouver un terrain d’entente qui peut satisfaire toutes les parties sur le plan politique et juridique.

 

Dans le cas extrême que P.  KAGAME et le gouvernement rwandais refuseraient tout dialogue, le groupement FDLR  a le droit légitime de défendre les droits humanitaires essentiels de la population rwandaise, réfugiée en R.D du Congo,  avec des moyens légaux, y compris la force militaire.

 

Le temps des guerriers est pourtant révolu. La politique est une question de négociations et de correction dans l’exécution des accords conclus dans l’intérêt de la population. Le budget de l’Etat Rwandais est composé pour 60 % de l’aide au développement par les pays industrialisé s et donc une arme solide. Il ne doit plus être trop difficile à ce jour de convaincre également les Américains de votre souci  pour un réelle démocratie au Rwanda.

 

Certes, le gouvernement rwandais, dont P. KAGAME en tant que Président n’est qu’un maillon de la chaine, a le devoir d’assurer la sécurité de toute la population rwandaise, mais il ne peut imposer à la majorité de la population une dictature militaire au profit d’une minorité de cette population.

 

Je n’ai pas le moindre doute que la presque totalité de la population congolaise et 95 % de la population Rwandaise vous soutiendront dans vos initiatives pour la paix dans la région.

 

Les observations de P. KAGAME et ses adhérents  sur les « interahamwe » et « génocidaires » présents sur le territoire congolais est totalement faux et sans fondement dans les faits, et je vous invite à vous rendre directement sur le terrain, avec ou sans ma compagnie.

 

J’invite d’ailleurs la presse internationale à se joindre à votre démarche pour qu’on arrête définitivement cette comédie des « bons tutsi et hutu modérés » et les « mauvais génocidaires hutu » pour institutionnaliser  la dictature militaire de P. KAGAME et son FPR/APR au Rwanda.

 

EINSTEIN nous a enseigné que « le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui regardent et refusent d’agir ».

 

Je reste à votre disposition pour toute information complémentaire que vous souhaiteriez obtenir, et j’adresse copie de la présente à la presse et diverses autorités politiques.

 

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

 

                          Luc DE TEMMERMAN