NE SOYONS PAS DECONNECTES A DIEU, LUI QUI EST PARDON

      Chaque rwandais doit faire ce que j'appelle le salon de beauté intérieure. C'est une image pour pousser chacun à aller au fond de lui-même pour découvrir s'il n'est pas un obstacle à la paix, à la justice, à la joie, à cause de sa haine, de son orgueil, de ses rancunes. En allant au salon de beauté intérieure, l'homme pratique l'hygiène mentale et se libère de ses ennemis intérieurs. Ainsi, il n'est pas déconnecté de Dieu.

      La crise sociale est toujours au départ une crise d'idées car le combat des hommes commence par le combat d'idées, le combat des conceptions. La crise dans le monde visible est d'abord une crise dans le monde invisible des pensées, des désirs et des intérêts cachés. Il suffit de lire les interviews des responsables rwandais dans les journaux comme Jeune Afrique pour savoir si l'on se prépare à la guerre ou à la paix.

      Ne vous y trompez pas: la gestion du pouvoir est souvent plus délicate que sa conquête.

Pour que l'histoire du Rwanda ne soit pas un éternel recommencement, les autorités doivent cultiver de nouvelles pratiques favorisant la paix qui n'est pas celle des cimetières. Sinon les rancoeurs et l'esprit de revanche sont incompatibles à l'avenir démocratique.

      "Nous avons péché, nous avons fait du mal..."(Dan 9)

Ce n'est pas Daniel qui a fait ce mal, mais il se reconnaît solidaire de tout le mal de son groupe, sans attendre la reconnaissance par les Babyloniens. Nous aussi, ne devons-nous pas attendre la reconnaissance de leur mal par les autorités du Rwanda, pour dénoncer et regretter tout le mal commis par notre groupe, même si personnellement, je n'ai rien fait? Même question pour l'autre groupe. .

      D'une manière ou d'une autre, nous devrons rentrer au Rwanda. Mais si nous rentrons sans avoir réfléchi un chemin de pardon, les rwandais vont rester dans la haine et la volonté de vengeance, sans reconnaître la souffrance des autres et notre propre mal; et nous serons condamnés à de nouvelles violences .Il nous faut donc d'urgence trouver un moyen de réfléchir à un chemin de pardon. Cette démarche aiderait tous les rwandais à dépasser leur propre souffrance pour prendre conscience de la souffrance des autres.

     Tous les rwandais doivent être convaincus de la nécessité vitale d'un nouveau chemin pour la survie du peuple rwandais qui sinon se condamnerait à un suicide collectif par un cycle de vengeance sans fin.

     Nous n'avons d'excuses pour mettre à plus tard le pardon inter-rwandais. Nous avons des extrémistes qui veulent nous conduire à une deuxième explosion, et nous avons l'obligation de les ramener à la raison.

      Et pour terminer une citation de Gandhi:

"Je préférerais de beaucoup voir l'Inde recourir aux armes pour défendre son honneur plutôt que rester lâchement témoin de son propre déshonneur... Mais je sais que la non violence est infiniment supérieure à la violence, et que le pardon est plus viril que le châtiment... La non violence n'est pas soumission bénévole au malfaisant. La non violence oppose toute la force de l'âme à la volonté du tyran. Un seul homme peut défier un empire et provoquer sa  chute."

  

                                           Pour CIPAX-AMAHORO

                                           Pelage UWIMANA

                                           Président

N.B.:CIPAX-AMAHORO(Consortium d'Interpellation pour la Paix) est un groupe de reflexion des réfugiés rwandais à Pointe Noire qui cotribue à la recherche des solutions à la crise rwandaise par des moyen non violents.