Attentat du 6 avril 1994 contre l'avion du Président Juvénal Habyarimana
1. Ecoutez d'abord le Major Kanyamibwa sur les ondes de la BBC
2. Rapport des Experts britanniques sur leur enquête faite du 17 au 24 février 2009.
3. Mise au point analytique de ce rapport.
Quelques rappels scientifiques:
-Si on lance un projectile depuis un point de la terre; les caractéristiques du lancement sont au nombre de deux:la valeur de la vitesse instantanée Vo à l' instant inittial et l' angle alpha faot pat la direction du lancer avec l' horizontale; appelé angle de tir
-La trajectoire du projectile est une courbe particulière appelée parabole.On note H la hauteur maximale ateinte par le projectile au cours de sa trajectoire; et D la distance entre le point d' impact sur le sol et le point de lancement.
Grâce à un logicciel de simulation; on peut étudier l' influence sur H et D des deux paramètres Vo et l' angle Alpha.
La hauteur H et la distance D sont des fonctions croissantes de la vitesse Vo
Influence de l' angle de tir sur la trajectoire parabolique: On voit que la hauteur H est une fonction croissante de l' angle de tir; y compris son Azimut et les corrections de dérive; soit en fonction de l' influence du vent ou d' autres conditions météologiques
La distance D est maximale lorsque l' angle de tir vaut 45 degrés.
En fonction de ces rappels simplement physique; que tout abrutu ou aprenti peut comprendre; on va essayer d' analyser bêtement; pour ne pas dire scientifiquement; le pseudo rapport des expert Britanique; qui est plus tandancieux et farfelu
Ma mise au point porte sur les éléments suivants:
*La qualité des témoignages choisis par les experts sur lesquels ils étayent leur thèse;
*Les photos prises à partir des collines environnant la colline de Kanombe, relatives à la ligne d'approche et d'atterrissage de l'avion en provenance de l'Est;
*Les photos remises aux experts britanniques par le "Comité des Experts" Mutsinzi
*L'absence de certaines données techniques;
*La carte électronique fournie par le "Comité des Experts" Mutsinzi: Annexe M
La qualité des témoignages retenus par les Experts britanniques.
Les Experts britanniques n'ont choisi que 13 témoins sur 557 qui ont été enregistrés par le Comité Mutsinzi. Autrement dit ce n'est que les seuls que les Experts britanniques ont trouvés relativement sérieux, excluant les 544 autres qui ne seraient que de décor pour faire semblant d'un travail sérieux réalisé par le Comité Mutsinzi. Mais les témoignages retenus sont aussi divergents tel que les Experts britanniques les ont classés en trois catégories.
Les 4 premiers situent vaguement le lieu de départ au camp militaire de Kanombe et aucun n'indique de quel côté, quartier du camp ni quel point ou position. Deux d'entre eux (Cpl Rwamakuba Faustin et Sgt Nsengiyumva Théogène) parlent de la direction de l'ouest vers l'est, allant à la rencontre de l'avion contrairement au sens des trajectoires indiquées sur la carte électronique Annexe M (celle se trouvant à la page 68 du rapport complet du "Comité des Experts" ¨Mutsinzi).
Les 3 suivants sont encore plus vaguent, car l'un d'entre eux n'a fait qu'entendre les coups et n'a vu rien d'autre que le changement de la couleur du ciel après l'explosion et la chute de l'avion. Les deux autres étant à Rutongo, étaient tellement éloignés du lieu de l'incident pour donner un témoignage crédible. Toutefois l'un d'entre eux atteste que les feux observés et qui ont touché l'avion provenaient de gauche vers la droite par rapport à lui, autrement dit de droite vers la gauche par rapport à l'avion.
Tous les témoignages ci-dessus ne permettent pas de déterminer le lieu de départ des missiles par rapport au camp militaire de Kanombe, suite à leur imprécision sur le côté probable où ce lieu serait situé, même s'ils sont bien des témoins oculaires à distance.
Les 6 derniers sont plus ou moins plus précis puisqu'ils citent la clôture (périmètre) de la résidence présidentielle. . Mais eux aussi ne disent pas de quel côté de la clôture. De plus une telle précision suppose qu'ils étaient eux-mêmes sur place, sinon près de telle manière qu'ils devraient être capables de situer l'emplacement exact des tireurs. Toutefois dans ce cas les missiles tirés de la résidence seraient partis à la rencontre de l'avion et l'impact se serait produit l'avion étant encore à une distance de plusieurs centaines de mètres du point de chute qu'est la résidence. Sinon le tir aurait été vertical et l'avion ne serait pas tombé dans le jardin et serait allé s'échoir plus loin.
Cependant puisque les Experts excluent d'office la thèse de la vallée de Masaka précisant le départ des missiles à la ferme, c'est alors cette thèse de la clôture de la résidence ou proche qui est plus ou moins précise, qu'il aurait fallu prendre comme base de calcul des angles de la trajectoire des missiles. Sinon aucun témoignage ne permet de déterminer le point de départ des missiles.
Les photos prises à partir des collines environnant la colline de Kanombe y compris l'aéroport et la résidence présidentielle.
Il aurait été plus correct d'indiquer clairement le mois ou la période de la prise de chaque photo puisqu'elles sont des périodes différentes. On souhaiterait surtout savoir celles qui ont été prises en 1994, quel mois et pourquoi? Les plus intéressantes sont les figures N° 3; N° 4; N° 5 et N° 8. S'agit-il de la reconstitution datant d'après l'attentat ou bien sont-elles des photos ayant été prises avant. Quel est cet avion qu'on a photographié?
*Les photos remises aux Experts britanniques par le "Comité des Experts" Mutsinzi
L'attribution de la prise de photos à la Société d'Assurance SONARWA aux environs du 24 mai 1994 est invraisemblable et illogique puisque la SONARWA ne fonctionnait pas à cette date. Le FPR est arrivé sur les lieux le 21 mai 1994 après la rupture d'encerclement et l'exfiltration des unités des FAR se trouvant du côté est dans la nuit du 20 au 21 mai 1994. La SONARWA étant fermée comme tous les autres établissements publics et privés depuis le 7 avril 1994, où est ce que le FPR aurait trouvé la Direction de la SONARWA pour qu'elle conduise cette prise de photos?
L'absence de certaines données techniques.
Les données techniques déterminantes ci après manquent alors qu'elles devraient être prises en considération pour le calcul de la trajectoire des missiles à partir des points de départ identifiés ou supposés comme c'est dans le cas présent. Il s'agit de:
*L'altitude à laquelle un Falcon 50 devrait se trouver et la vitesse qu'il devrait avoir sur sa trajectoire au niveau de Masaka (19 km) et au niveau de la résidence présidentielle pour atterrir à l'aéroport de Kanombe dans les conditions normales.
*L'angle de la trajectoire du missile SAM 16 pour atteindre avec efficacité une cible se trouvant à ladite altitude.
La carte électronique fournie par le "Comité des Experts" Mutsinzi: Annexe M
Questions:
Sur quoi les Experts britanniques se sont-ils basés pour déterminer deux points de départ présumés des missiles dans le domaine militaire de Kanombe, un juste à la hauteur du milieu du côté sud du camp, formant un angle de 70 degrés par rapport à la trajectoire de l'avion et la résidence présidentielle, et un autre vers l'arrière du camp du même côté, formant un angle de 90 degrés, à partir desquels ils ont fait leur calcul de la trajectoire des missiles alors que personne parmi les témoins oculaires n'a indiqué ces lieux de la même manière que la Ferme de Masaka ?
Pourquoi privilégient- il la trajectoire imaginaire de 70 degrés qui a été évoqué par un témoin qui se trouvait à Rutongo, alors que les données techniques évoqués ci-dessus manquent?
Constat:
Les Experts britanniques confondent le lieu du crash avec le lieu de l'impact, c'est-à-dire le lieu au niveau duquel l'avion arrivait lorsqu'il a été atteint par les missiles. Ils semblent considérer que l'avion a chuté d'aplomb sans faire aucun mètre de plus après avoir atteint par les missiles. Or un avion en mouvement ne tombe pas d'aplomb comme un matériel lourd largué ou une pierre lâchée à partir de la vitesse ZERO, disons par un hélicoptère en position stationnaire. .
Un avion touché par un tir ou dont les moteurs s'arrêtent par défaut technique ne tombe pas verticalement d'aplomb au point de projection perpendiculaire par rapport au niveau où l'impact s'est produit ou les moteurs se sont arrêtés. S'il n'explose pas en l'air instantanément, il continue le mouvement par inertie tout en descendant faute de force de propulsion devant le maintenir sur sa normale trajectoire et va s'échoir plus loin en fonction de son poids, de la vitesse et de l'altitude auxquelles il volait au moment de l'impact. Il devient donc un peu comme un objet largué normalement par un avion en mouvement. Cet objet va tomber plus loin par rapport au niveau où il a été lâché, lui aussi en fonction de son poids, de la vitesse et de l'altitude auxquelles volait l'avion qui l'a lâché. Mais l'objet tombe encore plus près par rapport à l'avion abattu ou en panne brutale en vol, parce que lui (l'objet) n'a pas sa propre vitesse de propulsion qui continue de l'entraîner par inertie.
J'explique encore ma thèse par un exemple. Si au moment où un avion en vol est atteint par un tir ou si ses moteurs s'arrêtent, on lâche à partir de la même altitude un objet ayant le même poids que l'avion, cet objet va tomber plus près du point de largage, alors que l'avion va s'échoir plus loin à cause de la vitesse de propulsion décroissante mais qui continue de l'entraîner. Si l'avion vole à une très haute altitude, tout en descendant puisqu'il n'a plus de source d'énergie propulsive pour le maintenir sur sa trajectoire, il ira s'échoir encore beaucoup plus loin. Et si alors sa vitesse de propulsion tombe à ZERO pendant que l'avion est encore en l'air, c'est à ce moment qu'il va chuter comme un objet lâché par un hélicoptère en position stationnaire.
Par conséquent l'avion du Président Habyarimana doit avoir été touché par les missiles avant d'arriver au niveau de la résidence, car la chute par terre se produit plus loin par rapport au niveau de l'impact. Après avoir été touché il a continué sa trajectoire par inertie mais en descendant faute de source d'énergie propulsive devant le maintenir sur le niveau normal de descente pour l'atterrissage et il allé s'écraser dans le jardin de la résidence. La thèse de Masaka est plus probable tel que les témoignages qui avaient été recueillis le lendemain de l'attentat auprès des populations déposant librement l'ont attesté. Si l'angle de 70 degrés privilégié par les Experts britanniques est appliqué sur le point de départ des missiles à Masaka pour déterminer l'impact et non le lieu du crash, on constatera que l'avion a effectivement été touché à un certain niveau entre la ferme et la résidence, et a continué son mouvement par inertie tout en descendant pour s'échoir plus loin. Alors ce fut dans le jardin de la résidence. Si l'avion volait à une vitesse supérieure et à une plus haute altitude, il serait allé s'écraser encore plus loin. Par exemple s'il avait été atteint par un missile tiré à 70 degrés de sa trajectoire, alors qu'il volait à 2.000 m d'altitude il ne serait pas tombé au même lieu mais plus loin, peut-être plutôt sur la piste.
Conclusion:
Faire des calculs basés sur le lieu du crash confondu avec le lieu de l'impact semble être une méthode non adéquate. L'objectif semble être situer coûte que coûte le point de départ des missiles au camp Kanombe à partir de rien. Il faudrait refaire les calculs basés sur un angle de 70 degrés à partir de Masaka, point de départ qui a été indiqué avec précision par des témoins libres et de première main le lendemain de l'attentat, si 70 degrés c'est le seul angle d'efficacité des missiles SAM 16, en fonction des données techniques manquants évoquées plus haut. Puis calculer le mouvement imprimé à l'avion par l'inertie depuis le point d'impact trouvé et sa descente progressive, pour voir si le point de chute ne serait pas bien la résidence présidentielle!
Que vérité triomphe; à bas mensonge; manipulation et désinformation!
Equipe techinque de Bugarama City
Critiques au "rapport Mutsinzi" par Enoch RuhigiraEnoch Ruhigira était directeur de cabinet du président Habyarimana. Il l'a accompagné à l'aéroport à son départ pour Dar-Es-Salaam le 06/04/1994 et était venu l'accueillir quand l'avion qui le transportait fut descendu. Ses critiques au "rapport Mutsinzi" apportent des éclairages de première main. Enoch Ruhigira vit en exil en Nouvelle-Zélande. |
Le rapport Mutsinzi sur
l’attentat contre l’avion du Président Habyarimana. par Quand le rapport de la commission est sorti, certains média ont tout de suite loué la qualité du rapport, Braeckman dans le journal "Le Soir" (Belgique) et dans le journal "Le Temps" (Suisse), le journal "Continental" de décembre 2009, les radios comme la "RFI" et la "BBC Gahuzamiryango", … Ces louanges m’ont poussé à lire le rapport, en espérant qu'enfin j’allais connaître la vérité sur l’élément qui a plongé le pays dans la catastrophe, dans le génocide. Finalement, je me suis demandé si nous avions lu le même rapport ou si encore une fois nous assistions à l’art de l’intoxication médiatique et de l’opinion dont le régime de Kigali est passé pour maître. Le rapport reste malheureusement dans la même logique du régime de Kigali de se choisir les témoins « sous influence », d’arranger les récits sans aucune relation et les forcer à dire une histoire cohérente, d’utiliser les éléments de sa propagande politique qu’il force aux autres de prendre comme vérité sous peine d’être accusé de génocidaire ou révisionniste, d’isoler les faits de leur contexte pour leur prêter d’autres intentions… Le rapport s’appuie sur les témoignages de certains militaires rwandais (557), de certains militaires belges interrogés dans le cadre de l’auditorat militaire belge sur les circonstances d’assassinat des militaires belges du contingent belge dans la MINUAR, sur l’exploitation des archives du TPIR, sur le rapport des experts anglais de l’université de Cranfield et de l’Académie militaire du Royaume-Uni et sur son interprétation du mobile de l’attentat pour désigner les responsabilités dans l’attentat. Cependant le rapport a manqué de nous assurer que le Comité était indépendant et que sa méthodologie était objective et impartiale, de nous renseigner sur la démarche suivie dans le choix des témoins et les conditions de déposition. Les témoignages des rwandais ne se complètent pas nécessairement pour faire une histoire cohérente comme le prétend le Comité car certains témoignages parlent d’une façon générale de ce qu’ils ont entendu mais le Comité force le contexte et ce qu’ils veulent dire. Les causeries militaires et les références aux préparations militaires des FAR avant le 6 avril 1994 pouvaient se faire dans le cadre de l’attaque imminente du FPR dont les missions diplomatiques, la MINUAR, et le gouvernement rwandais se doutaient à cause des complications dans la mise en place des institutions de transition. Les projets d’assassinat du président Habyarimana pouvaient se référer également au FPR. Par ailleurs de peur que le FPR ne tire justement sur l’avion du président, les consignes de sécurité en ce moment étaient que cet avion ne pouvait pas voler de nuit. Le FPR était en partie responsable des retards dans la mise en place des institutions de transition ayant constaté que sa crédibilité politique intérieure n’était pas possible ayant perdu les élections en septembre et en novembre 1993 dans les zones tampons qu’il contrôlait et que les partis politiques qui lui étaient traditionnellement alignés avaient des difficultés comme le MDR et le PL. Le FPR menaçait de retourner à Mulindi et de recommencer la guerre et les missions diplomatiques à Kigali et la MINUAR en sont témoins. Les témoignages des militaires belges sont eux aussi assez généraux et posent des questions de crédibilité quand un militaire avance que à partir de la tour de contrôle il a vu de nuit que l’avion est tombé à plus ou moins 500 mètres de la résidence du président (la précision me semble exagérée à partir du lieu d’observation et de nuit [observation du caporal M. Gerlache]) ou un autre qui à partir de Rutongo prétend que de nuit et sans voir l’avion, il a noté que l’angle de tir était de 70 degrés – c’est encore une précision exagérée. Un angle est formé au moins par deux cotés et il n’est pas sûr que de nuit, l’observateur puisse bien apprécier avec certitude l’angle de tir par rapport à la colline (qu’il ne voit pas probablement à cause de la nuit) ou par rapport à un avion qu’il dit qu’il ne voyait pas. Caporal Mathieu Gerlache dit ceci : « Je n’ai jamais vu l’avion car il faisait noir dans le ciel. Il était aux alentours de 20h00. (...) Je tiens toutefois à préciser que de l’endroit où je me trouvais, l’origine de deux tirs provenait de la gauche pour se diriger dans le ciel vers la droite. L’angle de tir était de plus ou moins de 70 degrés ». Le comité des experts de l’université de Cranfield et de l’Académie militaire du Royaume-Uni ont utilisé cette information sans aucune réserve pour tirer leurs conclusions, tout comme ces experts n’ont pas voulu valider les déclarations des témoins en les écoutant eux-mêmes dans toute indépendance et impartialité. Leurs conclusions sont douteuses étant donné les limites de leur enquête dont certaines sont reconnues par les experts eux-mêmes. Dans l’exploitation des archives du TPIR, le Comité ne dit pas s’il a tenu compte de toutes les informations en relation avec les faits car ces archives comportent des actes d'accusations dont le comité semble privilégier comme source d'information en négligeant les positions de la défense et des accusés eux-mêmes, les dépositions des témoins et leurs contre-interrogatoires et aussi les conclusions des jugements surtout en rapport avec les dossiers des militaires ou des personnalités politiques. Une telle exploitation des archives du TPIR, de l’auditorat militaire belge et de la commission parlementaire française par ailleurs montre le manque d’objectivité et d’impartialité du Comité surtout quand l’opinion n’est pas renseignée sur les raisons de privilégier une seule version des faits. Le Comité a omis de préciser que le sommet de Dar-Es-Salaam était l’initiative du président Museveni qui a tout fait pour faire tarder la fin de la réunion et le Comité force les conclusions sur les interrogations entourant le voyage du chef d’état major à Dar-Es-Salaam. Les ordres de mission à l’étranger étaient signés par le président lui-même et c’était lui-même qui avait signé l’ordre de mission du général Nsabimana. Le Colonel Bagosora ne pouvait pas signer un tel ordre de mission et le président n’ignorait pas qu’il avait signé cet ordre de mission. S’il y a eu erreur d’appréciation, c’est le président Habyarimana qui devrait en porter la responsabilité. Le Comité dit dans le rapport que le gouvernement rwandais avait commandé des missiles comme pour prouver que les Forces Armées Rwandaises (FAR) disposaient des missiles, mais le Comité ne prouve pas que ces missiles ont été livrés surtout quand le comité sait les pays qui pouvaient les fournir et disposent des archives de l’administration qui peuvent l'aider à le prouver si c'était vrai. L’affirmation que les missiles seraient partis du camp Kanombe n’est pas convaincante non plus car basée sur des témoignages avec des affirmations douteuses. Le comité pouvait lever un certain degré de doutes s’il avait organisé des observations de nuit avec des balles traçantes à partir des lieux d’observations des témoins pour mieux apprécier la crédibilité des différentes hypothèses dans l’impartialité et objectivité. Les affirmations des militaires dans le camp de Kanombe sont assez générales pour apprécier exactement où dans le camp, les missiles seraient tirés et certains d’autres parlent même de Masaka. Enfin concernant le mobile de l’attentat, le comité avance que l’akazu était déterminé à tirer un trait définitif sur les accords d’Arusha. D’abord le Comité devrait mieux établir l’antagonisme, les rivalités ou les oppositions internes dans l’akazu et où chacun des membres se rangeait. Le Comité nous dit que Sagatwa faisait partie du groupe des durs avec Bagosora et l’épouse du président pour ensuite nous dire que Bagosora et Nzirorera sont responsables de la mort de Sagatwa et Nsabimana. Les observateurs les mieux avertis de la scène politique rwandaise savent que Mathieu Ngirumpatse ne faisait pas partie de ce groupe et que le colonel Bagosora n’était pas très proche de Mme Habyarimana. De plus en mars 1993, la CDR avait acceptée les accords de paix et voulait les signer. La CDR avait publié un communiqué qui disait qu’il acceptait les accords et voulait participer dans la transition mais le FPR s’y opposait. Il y avait un consensus général qu’il valait mieux avoir le FPR à l’intérieur qu’à l’extérieur. C’était plutôt le FPR qui devenait un frein à la mise en place des institutions de la transition comme la communauté internationale l’avait constaté en publiant son communiqué du mois de mars 1994. De plus le FPR avait boycotté sous des faux prétextes, les cérémonies de mise en place des institutions le 5 janvier 1994 et le 25 mars 1994. Il n’appartenait pas au FPR de désigner ou d’accepter les députés ou ministres régulièrement désignés par les représentants légaux des partis politiques. L’article 60 du protocole sur la partage du pouvoir durant la transition du 9 janvier 1995 y relatif stipule ceci : « L’Assemblée Nationale de Transition est, sauf exception prévue à l’article 63 du présent Protocole d’Accord, composée de soixante-dix (70) membres dénommés « Députés à l’Assemblée Nationale de Transition ». Ils sont nommés par les forces politiques auxquelles ils appartiennent et leur mandat couvre toute la période de la Transition » La thèse du Comité suggérant que le génocide avait commencé en 1959 est une démarche politique pour protéger le FPR au cas où il serait prouvé que c’était le FPR qui avait tiré sur l’avion. Le Comité ne peut pas en même temps invoquer que le fait du génocide des Tutsi en 1994 est une réalité car reconnu comme tel par la communauté internationale et le TPIR alors que les massacres envers les Hutus ne constituent pas un génocide car ils ne sont pas encore reconnus comme tels par la même communauté internationale et le TPIR. En faisant ainsi, le Comité définit le génocide par rapport à ses propres termes et ainsi ouvre le débat sur la question du double génocide. Le président Habyarimana ne m’a pas demandé de rédiger un communiqué annonçant la prestation de serment des membres du gouvernement et du parlement de transition le 4 avril 1994, il m’a plutôt demandé le 6 avril avant de prendre son avion que j’en discute avec Mme le Premier Ministre et qu’il voulait que les institutions restantes se mettent en place au plus tard le 9 avril 1994. Ce rapport prouve encore une fois que nous avons besoin d’une organisation et d’un comité réellement indépendant pour s’approcher de la vérité sur cet assassinat qui a déclenché une catastrophe dans le pays. Mais qui pourra s’en occuper ? Le gouvernement rwandais vient de prouver qu'il n'est pas capable de faire avec objectivité et impartialité une telle enquête. C'est aussi compréhensible étant donné que certaines personnalités du régime sont également soupçonnées dans l'organisation de l'attentat. Le gouvernement rwandais actuel ne fera aucun effort pour demander une enquête internationale, sinon pourquoi aurait-il résisté aux enquêtes initiées par le TPIR comme Madame Carla Del Ponte en fait écho dans son livre ou Michael Hourigan l'ancien enquêteur du TPIR le dit. Le silence du gouvernement burundais devant les conclusions de ce rapport dont pourtant l'ancien président du pays a péri dans le même attentat est révélateur de son embarras et impuissance. Les pays voisins comme l'Uganda et la Tanzanie dont pourtant les présidents avaient participé au même sommet que les présidents rwandais et burundais ne réagiront pas sinon ils l'auraient fait déjà en 1994 en exigeant une enquête internationale pour élucider la mort de leurs collègues qui avaient participé au même sommet qu'eux. De plus le gouvernement rwandais vient d'acheter leur silence avec les médailles d'honneur décernées au Président Yoweri Museveni et à l'ancien président Julius Nyerere à titre posthume en juillet 2009. La communauté internationale est plurielle avec des intérêts différents et souvent divergents. L'ONU est sous influence des USA et ces derniers ont toujours besoin du régime de Kigali au Soudan, en Somalie et au Congo. L'Union Africaine est juste un club des chefs d'état ayant un pacte d'entre-aide. Les pays comme la Belgique et la France qui connaissent bien le pays sont politiquement paralysés, la Belgique à cause de la politique intérieure propre à ce pays et la France au nom de la realpolitik selon B. Kouchner. Si au moins les autorités françaises permettaient et donnaient les moyens à la justice pour jouer son rôle avec les enquêtes dans les mains du juge Marc Trévidic. La pression ne viendra que des Rwandais eux-mêmes mais ça pourra prendre du temps. Mais le jugement de l'histoire interviendra et il n'y a pas de doute. À moins qu’entre-temps, au nom du realpolitik rwandais, le gouvernement du FPR décide de nous révéler qui réellement est responsable de cet attentat. En fait de compte, que peut craindre ce gouvernement quand il contrôle l'armée, le système judiciaire, l'économie et dispose des amis puissants ? Il peut toujours inventer des circonstances atténuantes et les médias et le monde vont suivre.
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Analyse du rapport Mutsinzi sur l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion présidentiel rwandais[1]
Filip Reyntjens
Résumé
Le rapport de la commission Mutsinzi a pour objet de démontrer que l’avion du président Habyarimana n’a pas été abattu par le FPR, comme l’a conclu l’instruction du juge français Bruguière, mais par des radicaux hutu proches de la principale victime. Le rapport soulève nombre de questions importantes. Le comité Mutsinzi se targue de son impartialité mais tous les commissaires sont membres du FPR, ce qui le rend juge et partie. Ceci est très clair dès les premières pages et se confirme à travers l’ensemble du rapport, puisque l’enquête ne va que dans une seule direction, celle des extrémistes hutu, alors que les données mettant en cause le FPR sont systématiquement ignorées. Le comité dit avoir interrogé des centaines de témoins, mais la crédibilité de leurs déclarations est sujette à caution. Parmi ceux identifiés, des dizaines sont des membres de l’ancienne armée gouvernementale FAR ; entendus dans un contexte de crainte d’arrestation ou pire et sachant très bien ce que ceux au pouvoir voulaient leur entendre dire, leurs témoignages ne sont guère probants. De nombreux exemples dans le rapport montrent que la méthode employée par le comité n’est pas sans soulever de sérieuses réserves: celui-ci présente d’abord des hypothèses non prouvées voire même des contrevérités comme des faits, et l’accumulation de ces « faits » permet ensuite de dégager la « vérité ». La conclusion à laquelle aboutit le comité ne trouve pas de fondement crédible dans les données qui se dégagent de l’enquête. Nous sommes dès lors aujourd’hui confrontés à deux « vérités » sur l’attentat : celle issue de l’instruction Bruguière et celle du rapport Mutsinzi. Les deux indiquent des suspects, même s’ils sont différents, et constatent qu’un crime a été commis. La façon naturelle pour aborder un problème pareil est de mener un débat contradictoire devant une juridiction pénale. Il semble cependant que tant le Rwanda que la France, souhaitant normaliser leurs relations, soient entrainés à sacrifier l’exigence de justice à l’opportunisme politique. Le peuple rwandais mérite mieux.