Trois opposants rwandais à nouveau interrogés par la police

 

KIGALI, 10 août (AFP) - Trois opposants rwandais ont à nouveau été interrogés au cours du week-end par la police judiciaire de Kigali, qui les accuse de "divisionnisme ethnique", a annoncé l'un d'entre eux dimanche à l'AFP.

"Faustin Minani, Léonard Kavutse et moi-même avons été convoqués hier (samedi) matin par la police, qui nous a gardés jusqu'au soir pour nous convoquer à nouveau ce matin", a déclaré dimanche Célestin Kabanda, ex-président de la principale formation à dominante hutue, le Mouvement démocratique républicain (MDR).

Le MDR a été contraint à la dissolution, réclamée par le gouvernement au printemps dernier.

Ces trois hommes, avec deux autres, Jean-Marie Vianney Karengera et Innocent Sibomana, tous anciens membres du MDR, avaient déjà été interrogés à plusieurs reprises entre le 29 juillet et le 4 août. La police rwandaise avait alors précisé qu'ils n'étaient pas en état d'arrestation.

M. Kabanda a dénoncé une tentative de "sabotage" de la campagne de Faustin Twagiramungu, ancien Premier ministre hutu modéré et principal candidat de l'opposition à l'élection présidentielle du 25 août. M. Twagiramungu, qui se présente en tant que candidat indépendant, est également issu du MDR.

La police accuse ces opposants d'avoir incité la majorité hutue à "se débarrasser du régime" dominé par le Front patriotique rwandaisex-rébellion tutsie).

L'accusation de "divisionnisme ethnique" est très grave dans ce pays où le génocide de 1994 a fait près d'un million de morts parmi la minorité tutsie et les Hutus modérés, selon Kigali.

Cette accusation sert de prétexte au FPR pour se débarrasser de toute opposition, selon des organisations de défense des droits de l'Homme.

M. Kabanda a lancé le 12 juillet une nouvelle formation d'opposition, l'Alliance pour la démocratie, l'équité et le progrès (Adep-Mizero), toujours en attente de l'agrément gouvernemental.

"Les propos que l'on nous reproche n'ont rien de divisionniste, et ce sont les mêmes que prononce actuellement Faustin Twagiramungu au cours de sa campagne", a assuré dimanche M. Kabanda.

"Ils essayent de l'intimider et de saboter sa campagne", a-t-il estimé. M. Twagiramungu, rentré en juin après huit années d'exil volontaire en Europe, a accusé samedi le FPR d'accaparer 90% des postes de l'administration.

Le 3 août, le président sortant Paul Kagame, candidat du FPR, avait mis en garde les "divisionnistes", assurant que la justice punirait les dérapages, mais sans nommer M. Twagiramungu.

Le Rwanda s'apprête à vivre la première élection présidentielle pluraliste depuis l'indépendance de cette ancienne colonie belge en 1962. Il s'agira du scrutin le plus important depuis le génocide.