Rwanda: M. Twagiramungu rejette l'accusation de "divisionnisme"

 

KIGALI, 5 août (AFP) - Le principal candidat de l'opposition à l'élection présidentielle du 25 août au Rwanda, l'ancien Premier ministre hutu Faustin Twagiramungu, a accusé mardi le parti au pouvoir, le Front patriotique rwandais (FPR, ex-rébellion tutsie), de qualifier de "divisionnistes" tous ceux qu'il veut "discréditer".

Le président sortant, Paul Kagame, avait affirmé dimanche, lors de son premier meeting de campagne, que les "divisionnistes" auraient affaire à la justice.

"Le mot +divisionniste+ est très confus: est-ce que ça concerne tous ceux qui ne sont pas membres du FPR?", a interrogé M. Twagiramungu mardi lors d'une conférence de presse à Kigali.

"On veut diviser les Rwandais en semant la peur, en les accusant d'être extrémistes. Il faut cesser d'accuser les gens d'être divisionnistes pour les discréditer", a-t-il ajouté.

L'accusation de "divisionnisme ethnique" est très grave dans ce petit pays d'Afrique centrale encore marqué par le génocide de 1994, qui a fait un million de morts parmi la minorité tutsie et les Hutus modérés, selon Kigali.

Plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme affirment que cette accusation de "divisionnisme ethnique" est un prétexte soulevé par le FPR pour se débarrasser de toute opposition.

Le Rwanda s'apprête à vivre la première élection présidentielle pluraliste depuis son indépendance en 1962. Il s'agira du plus important scrutin depuis le génocide.

M. Twagiramungu, revenu au Rwanda en juin après huit années d'exil volontaire en Europe, a une nouvelle fois déploré mardi les "menaces" proférées à l'encontre de ses partisans sur le terrain, selon lui.

"Dans plusieurs provinces, on interdit à mes supporters de prononcer mon nom", a-t-il affirmé. "Ce n'est pas la police qui profère ces menaces, c'est toute la machine de l'Etat, dominée par le FPR, des responsables de base jusqu'au sommet de la pyramide", a-t-il poursuivi.

Il a également critiqué les interrogatoires subis jusqu'à lundi par cinq anciens membres de son parti d'origine, le Mouvement démocratique républicain (MDR), principale formation à dominante hutue, dont le gouvernement a réclamé au printemps la dissolution pour "divisionnisme ethnique".

L'ex-président du MDR, Célestin Kabanda, était présent mardi aux côtés de M. Twagiramungu lors de sa conférence de presse, après avoir été interrogé à plusieurs reprises par la police depuis le 29 juillet.

"L'interrogatoire a duré sept jours, mais aucune preuve n'a été trouvée", a déclaré M. Kabanda à quelques journalistes, précisant que la police judiciaire l'avait accusé de "discrimination", "sectarisme" et "atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat".

M. Kabanda a lancé en juillet un nouveau parti, l'Alliance pour la démocratie, l'équité et le progrès (Adep-Mizero), toujours en attente de l'agrément gouvernemental.