A.R. Lokongo
07.11.03
A l'issue de sa visite officielle à la Maison Blanche, le Président de la République
Démocratique du Congo, le Général-Major Joseph Kabila a évoqué avec son
homologue Américain Georges Bush, entre autres, la guerre internationale contre
le terrorisme. Et Joseph Kabila a fait comprendre à son hôte l'objet de la
lutte qu'il mène pour sauvegarder l'intégrité territoriale et la souveraineté
nationale de son pays. La RDC qu'il est en train de réunifier est depuis le 2
août 1998 assujettie à une guerre d'invasion à caractère terroriste,
orchestrée et soutenue par l'administration «démocrate» américaine sous
Bill Clinton - de concert avec le gouvernement de Sa Majesté La Reine Elisabeth
II du Royaume Uni, dirigé par le Premier Ministre issu du Parti de Travail,
Tony Blair - et avalisée par l'administration républicaine actuelle sous
George Bush.
Cette sale guerre de rapines a été exécutée par la coalition rwando-ougando-burundaise recrutée pour la cause par les États-Unis et la Grande Bretagne, avec la complicité de certains Congolais et Rwando-Congolais bien connus et le soutien des multinationales occidentaux, les marchands d'armes ainsi que tous les autres pêcheurs en eau trouble. Elle vient de coûter la vie à plus de 5 millions de Congolais massacrés depuis lors, d'autres violées pour les faire contracter le VIH qui cause le Sida, enterrées vivantes et déplacés dans leur propre pays; ainsi que le pillage systématique des richesses naturelles et minérales de la République Démocratique du Congo.
Ce qui est surprenant c'est le fait qu'au moment même ou George Bush recevait Joseph Kabila, John Shattuck, l'ancien Sous-Sécrétaire d'État Américain chargé des questions relatives à «la Démocratie, des Droits de l'Homme et du Travail» sous Bill Clinton, à l'issue d'une visite à l'est du Congo, a déclaré à la presse à Nairobi que «combattre le terrorisme dans la Région des Grands Lacs signifie mettre Museveni, Kagame et Buyoya [ces terroristes qui endeuillent cette sous-region] hors d'état de nuire». Il a appelé l'administration de George Bush de «renforcer l'embargo sur les armes à l'est du Congo, de rétablir l'embargo sur les armes contre le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi» et a sommé ces derniers de «cesser de soutenir les milices au Congo et d'y retirer toutes leurs troupes». «Si Bush veut vraiment contribuer à une solution pacifique au Congo, il est obligé de tenir les promesses qu'il a faites au peuple Congolais au mois de juillet dernier, selon lesquelles il va étroitement travailler avec le Président Joseph Kabila et le gouvernement de transition pour promouvoir la paix, la prospérité et la démocratie pour tous les Congolais. L'aide Américaine au Rwanda, à l'Ouganda et au Burundi doit désormais être conditionnée au retrait de toutes leurs troupes et à la cessation de tout soutien financier et militaires accrus aux milices qu'ils ont créées au Congo.»
Mr Shattuck a donc effectué une visite de dix jours à l'est du Congo et a été choqué par le degré inconcevable de dévastation, des abus de droits de l'homme, des massacres et des cas de viols. Il conduisait une délégation de l'organisation américaine «International Human Rights Law Group» qu'il chapeaute. Cette organisation vient de publier un rapport intitulé: «Ending Congo's Nightmare: What the US Can Do to Promote Peace in Central Africa - Mettre fin au cauchemar congolais: Ce que les États -Unis peuvent faire pour promouvoir la paix en Afrique Centrale» - laquelle a coïncidé avec la visite de Joseph Kabila à la Maison Blanche.
Mr Shattuck a donc changé d'une façon surprenante.
Tant mieux pour le peuple Congolais qui souffre tant des retombés de la politique américaine à son égard. Un Bush engagé corps et âme dans la lutte contre le terrorisme international, doit tirer les conclusions qui s'imposent dans la Région des Grands Lacs. Espérons que les États-Unis ne continueront pas désormais d'être pris en otage par l'alibi des Interahamwe au Congo brandi par Kigali, tout comme du génocide de 1994, utilisé par Museveni, Kagame et Buyoya comme fond de commerce pour garder leurs troupes au Congo. Bush doit donc user de ses forces et de son influence pour non seulement mettre hors d'état de nuire tous les terroristes, pilleurs, violeurs et kidnappeurs qui ont exhibé leur savoir faire au Congo depuis le 2 août 1998, mais aussi de cesser de les soutenir et les punir dans le cadre d'un tribunal pénale international pour le Congo, à l'instar de Milosevic (à tort ou à raison).
Museveni, Kagame et Buyoya sont comparables au VIH du Sida qui risque de décimer toute la population Congolaise et ainsi faire disparaître le Congo de la carte de l'Afrique et du monde. Et ce n'est que vrai! 5 millions de congolais massacrés en cinq ans, c'est comme toute la population de la Palestine ou du Malawi complètement disparue.
Les États-Unis doivent se ressaisir, se faire violence et se racheter vis-à-vis du peuple Congolais qui souffre tant en le dédommageant sur tous les plans - y compris le soutien pour la tenue dans deux ans des élections libres et transparentes - depuis qu'ils ont fait assassiné - de concert avec les belges - Patrice Lumumba, le premier leader Congolais démocratiquement élu au profit de leur laquais Mobutu Sese Seko. Ce qui a déstabilisé le Congo jusqu'à ce jour. Le couteau à encore été remué dans la plaie avec l'assassinat de Laurent Désiré Kabila le 16 janvier 2001 en presque même date et dans presque les mêmes circonstances que Patrice Lumumba.
Un changement radical de la politique Africaine des États-Unis pour le siècle en cours qui augure bon pour le Congo de Patrice Lumumba, de Pierre Mulele et de Laurent Désiré Kabila, s'impose donc.
L'on ne s'attend plus à ce que les États-Unis orchestrent d'autres guerres d'agression à travers des états clients visant à faire partitionner le Congo. L'heure a sonné pour un partenariat mûr et équitable entre les deux pays et dont les termes seront fixés par le peuple Congolais souverain sur le sol de ses ancêtres.
Le Ministre Français des Affaires Étrangères a récemment critiqué «l'unilatéralisme» dans la politique étrangère américaine dans une interview qu'il a accordé au quotidien britannique, The Guardian le 18 octobre 2003, estimant que «agir unilatéralement et envisager la force militaire comme solution à toutes les problèmes ne peut garantir un nouvel ordre mondial avec des résultats escomptés. Au contraire ça donne libre cours à un «vertigo global», c'est à dire à la résistance, libère les frustrations longtemps encaissées et donne raisons à des mouvements terroristes comme Al Qaida de passer à l'action.» «Ma vison c'est d'une communauté globale des nations, des peuples, des cultures et des religions qui traitent les uns et les autres avec respect, justice et égalité», a-t-il déclaré. Au Congo, nous demandons exactement d'être traités comme tels.
Nous n'avons pas seulement besoin de «mai na courant» - l'eau et le courant, mais aussi du répit pour reconstruire notre pays en tant qu'un état moderne. Laurent Désiré Kabila l'a bien exprimé quand il a déclare: «Nous voulons développer notre pays et promouvoir des échanges avec d'autres pays. Mais nous empêchons la spoliation de nos richesses.»
Le Congo a beaucoup enrichi l'Amérique dépuis la traite des esclaves jusqu'à nos jours; comme le toute dernier rapport «mijoté» du Panel des Nations Unis sur l'Exploitation Illégale des Ressources Naturelles et Minérales de la République Démocratique du Congo vient de le démontrer.
Par ailleurs, Kigali en gardant ses troupes au Congo et en accusant les experts du Panel de l'ONU de "ternir" son image de façon "intentionnelle", continue de jouer au trouble fête en RDC et de défier la communauté internationale (pilotée par les États-Unis et la Grande Bretagne) parce que Kagame tout comme Museveni sont rassurés du soutien de certains pays puissants bien connus et de la complicité des réseaux maffieux qu'ils ont établis au Congo.
Ah oui! La guerre, c'est aussi du business. Les Japonais n'ont pas mi l'Extrême Orient et le Sud Est de l'Asie à feu et à sang tout simplement pour l'amour de l'Empereur. C'était aussi du business. Les Nazis n'ont pas dévasté l'Europe tout simplement parce qu'ils adoraient le Fuhrer - le Guide (Adoplhe Hitler). C'était aussi du business. L'histoire lointaine prouve que les premiers occupants des Amériques n'ont pas décimé les natifs Indiens et les buffles tout simplement pour s'adonner au sport ou à la chasse. C'était le pillage et l'appropriation des terres. Le pillage a toujours captivé tous les monarques britanniques à tel point qu'on ne peut pas compter le nombre des chevaliers qu'ils ont employés pour la sale besogne à travers toute l'Empire. Pour une paix durable au Congo, il faut mettre fin à l'impunité, il faut que soient démantelés tous les réseaux maffieux qui opèrent à travers tout le pays au service des intérêts nationaux étrangers.